Soutenance de thèse de doctorat en littératures de langue française de Marjolaine Deschênes à l'Université de Montréal.
Résumé
Il s'agit d'éprouver l'hypothèse selon laquelle les œuvres de Christian Bobin (France, 1951-) véhiculent un discours poétique « répliquant » (Ricœur) à un certain discours intellectuel « désenchanté », s'énonçant contre lui, mais aussi en réitérant plusieurs de ses credo. La première partie situe l’étude dans les sillons de l’herméneutique et du comparatisme, puis définit le lyrisme et le désenchantement comme horizon d’interprétation. La seconde partie interroge l’identité « poéthique » (Pinson) de l’auteur et dévoile comment ce dernier masculinise le désenchantement, le reliant au logos, et féminise l’enchantement, l’associant au muthos. Le parti pris du temps authentique est soutenu dans l’œuvre par la valorisation de conduites et d’attitudes temporelles relevant de l’éthique de l’authenticité (Rousseau), alors que le parti pris du féminin correspond à la valorisation d’attitudes relevant de l’éthique de la bonté (Levinas). Dans la troisième partie, ces tensions s’intensifient par la mise au jour du grand projet « poéthique » dont l’auteur investit son œuvre : écrire pour prendre soin, soigner. Après avoir défini ce que j’appelle « l’écriture du care » chez Bobin, je m’attarde aux figures féminines fondatrices de l’œuvre et constate que l’ambition est triple chez l’auteur : prendre soin du présent, protéger les femmes de la misogynie et revaloriser les attitudes care qui leur sont traditionnellement reconnues. Au final, c’est non seulement la « poéthique » bobinienne (paradoxale) qui est mise en lumière, mais aussi des « poéthiques » centrales en Occident, que plusieurs poètes lyriques adoptent « en temps de détresse » (Hölderlin).
Directeurs de recherche
- Lucie Bourassa, Département des littératures de langue française , Université de Montréal.
- Serge Cantin (codirecteur de thèse), Département de philosophie et des arts, Université du Québec à Trois-Rivières.
Jury
- Lucie Bourassa, Université de Montréal, directrice de thèse
- Serge Cantin, Université de Québec à Trois-Rivières, codirecteur de thèse
- Micheline Cambron, Université de Montréal, membre du jury
- Marie-Pascale Huglo, Université de Montréal, présidente du jury
- Bruno Blanckeman, Université de Paris III, Sorbonne nouvelle, examinateur externe
Département de littératures de langue française de l'Université de Montréal.
