Soutenance de thèse de doctorat en histoire de l'art de Eduardo Ralickas en cotutelle à l'Université de Montréal et à l'École des Hautes Études en Sciences Sociales.
Résumé
Dans cette thèse d’histoire de l’art, nous posons un lien inédit entre la philosophie de Johann Gottlieb Fichte (1762–1814) et quelques pratiques artistiques et/ou littéraires issues du premier romantisme allemand : notamment celles de Friedrich Schlegel (1772–1829), de August Wilhelm Schlegel (1767–1845), de Friedrich von Hardenberg (dit « Novalis », 1772–1801) et de Caspar David Friedrich (1774–1840). Bien que ce lien ait été posé dans l’historiographie traditionnelle, il l’a été en tenant compte soit des contenus particuliers enseignés dans la Wissenschaftslehre de Fichte (théorie du sujet, théorie de la liberté), soit des opinions politiques de cet auteur (républicanisme, égalitarisme, universalisme du droit). Or, le projet romantique tel qu’envisagé par ces praticiens a pour matrice la dynamique pragmatique du message fichtéen, c’est-à-dire la structure aussi bien communicationnelle que pédagogique de ce dernier. Dans cette optique, en prenant pour cadre de référence la recherche actuelle en études fichtéennes, nous démontrons que Fichte est l’auteur d’un dispositif réflexif original dans lequel l’usager d’un système représentationnel donné (en l’occurrence : les présentations scientifiques de la Doctrine de la science) se trouve indexé par le dispositif qu’il anime. Si bien que les fonctions de réception et de production du système — qui sont du ressort de sa performativité — s’avèrent parfaitement identiques.
Afin de proposer un métalangage adapté aux outils épistémologiques de notre champ disciplinaire (l’histoire de l’art), notre lecture de Fichte se déploie à partir d’un double cadre méthodologique : la sémiologie des représentations (Louis Marin) et la narratologie (Gérard Genette, Mieke Bal). En fonction de cette méthodologie, nous démontrons que le propre du projet romantique, tel qu’envisagé par ses protagonistes de la première heure et par son peintre le plus abouti, est d’avoir déployé le dispositif pragmatique fichtéen dans des pratiques littéraires et plastiques, en vue d’engendrer un nouveau rapport entre l’image et la Bildung (esthétique, politique) du spectateur. Dès lors, la finalité de ce travail est de contribuer aux savoirs sur l’efficacité de l’art dans l’économie spectatorielle de la modernité et d’analyser l’apport de Fichte et des romantiques à la problématique actuelle de l’ « agentivité » (agency) des images.
Directeurs de recherche
Johanne Lamoureux, département d'histoire de l'art, Université de Montréal
Éric Michaud, centre d'histoire et de théorie des arts, École des Hautes Études en Sciences Sociales.
Jury
Johanne Lamoureux
Professeur titulaire
Département d’histoire de l’art et d’études cinématographiques, Université de Montréal
Éric Michaud
Directeur d’études
École des hautes études en sciences sociales, Paris
Isabelle Thomas-Fogiel
Professeur, Université Paris I – Panthéon-Sorbonne
Prof. Dr. Günter Zöller
Professeur, Fakultät für Philosophie, Wissenschaftstheorie und Religionswissenschaft
Ludwig-Maximilians-Universität München
Philippe Despoix
Professeur titulaire
Département de littérature comparée, Université de Montréal
Didier Prioul
Professeur agrégé
Département d’histoire, Université Laval
Christine Ross
Professor and James McGill Chair in Contemporary Art History
Hyperliens
Département d'histoire de l'art de l'Université de Montréal.
Centre d’histoire et de théorie des arts de l'École des Hautes Études en Sciences Sociales.