Dans J’écris comme je vis, entretien avec Bernard Magnier, publié en 2000, Dany Laferrière a déclaré: «Les peintres primitifs haïtiens m’ont donné ma plus grande leçon d’esthétique. Et c’est vrai que, quand j’écris, je tente de faire comme eux, c’est-à-dire que j’essaie d’intoxiquer le lecteur de façon qu’il ne puisse penser à un autre univers que celui que je lui propose. Je l’envahis».
Si cette invitation de l’artiste à lire son œuvre en dialogue avec la peinture n’a convaincu que quelques chercheurs qui se sont penchés par conséquent sur les correspondances de l’écriture de Laferrière avec l’image, la parution de son premier roman dessiné, Autoportrait de Paris avec chat, en 2018 a changé la donne. En effet, la forme du roman où le texte manuscrit est entrelacé de dessins du narrateur a clairement démontré le rôle du visuel dans l’imaginaire de l’artiste.
Les traces de l’intérêt porté par Dany Laferrière à la peinture ont inspiré le sujet de ma thèse de doctorat intitulée « Entre texte et image : l’œuvre de Dany Laferrière dans la perspective intermédiale » que je présenterai pendant la conférence. Ma recherche vise, premièrement, à répertorier et classer les procédés artistiques puisant dans le médium du texte et de l’image qui sont présents dans la production littéraire de l’écrivain et, deuxièmement, à analyser l’évolution de la relation entre ces deux médias chez Laferrière. Dans la présentation, je me concentrerai d’abord sur la genèse du projet. Puis, je préciserai l’approche méthodologique employée pour réaliser la recherche ce qui me permettra d’exposer un exemple de son application dans la partie finale.