Le goût de la collection apparaît au XVIe siècle et s’il touche d’abord les arts, il s’étend ensuite aux sciences naturelles. Les cabinets de curiosités visent ainsi à rassembler des spécimens naturels et objets artificiels, parfois exotiques, souvent curieux ou rares, mais pas toujours. Car au-delà de la fascination esthétique qu’elles exercent, ces collections nous renseignent avant tout sur les mentalités européennes des XVIe et XVIIe siècles. Reproduire chez soi le monde en miniature est en effet une façon de transcender une angoisse existentielle née des bouleversements qui marquent la période (ouverture de l’Europe sur le monde, découverte de nouvelles civilisations, questionnements religieux). Lieux de méditation sur les fins humaines, théâtres de la mémoire, ces « chambres des merveilles » (Wunderkammern en allemand) constituent les embryons des musées de sciences naturelles, d’histoire, et d’art et d’archéologie.
CONFÉRENCIÈRE :
Emmanuelle Friant, Ph. D., est docteure en histoire moderne et diplômée en études anglaises et nord-américaines. Fondatrice du Collectif d'Anthropologie et d'Histoire du Spirituel et des Affects (CAHSA), elle se spécialise dans l'étude des mentalités, des sensibilités et des pratiques socioculturelles et religieuses en Europe et en Amérique du Nord. Conférencière, elle a également enseigné l'histoire à l'université durant 12 ans, dont 6 à l'Université de Montréal.