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Prix: Entrée libre
B-520
200, avenue Vincent-d'Indy Montréal
Montréal

La réutilisation de la musique classique dans le hip-hop à travers le sampling : enjeux musicaux et sociaux d’une pratique de composition

Résumé :

Cette thèse se concentre sur les enjeux sociaux et musicaux de la réutilisation par l’échantillonnage de la musique classique dans le hip-hop. Autrement dit, les implications dans le champ social (interactions entre les individus) et musical (interactions entre les oeuvres) de cette pratique. Notre questionnement principal est orienté sur l’apparente distance entre les deux entités évoquées ici ; d’un côté la musique classique, symbole d’une culture musicale élitiste et, de l’autre, le hip-hop, mouvement musical qui apparaît dans le Bronx des années 70, porté par des populations isolées et marginalisées. L’objectif de cette recherche est d’éclaircir les liens d’affiliation possibles et de pouvoir entre la musique classique et le hip-hop à travers cette pratique de « sampling savant » dans le monde francophone. Et, puisque la pratique n’est pas dissociable des individus qui la perpétuent, notre intérêt est de comprendre comment et pourquoi ces derniers l’ont adoptée. La thèse sera donc articulée autour de formulations d’hypothèses et de leur confrontation avec les résultats obtenus. La méthodologie utilisée s’appuie sur la sociologie interactionniste et développe les concepts d’« affordance », de « prise » et de « médiation » appliqués aux notions de production musicale, d’usage des outils et des processus d’utilisation de ces outils. Celle-ci est complétée par une approche ethnographique à travers laquelle plusieurs acteurs de la scène hip-hop francophone ont été interrogés sur cette pratique d’échantillonnage savant, à la suite d’écoutes de plusieurs extraits musicaux. Le cadre théorique de la thèse, quant à lui, est constitué de deux grands axes : d’une part le postmodernisme qui nous servira à évaluer le rapport de cette pratique à son contexte culturel et, d’autre part, la transphonographie qui nous permettra d’évaluer le rapport des oeuvres entre elles. 

Les principales découvertes de cette thèse démontreront la porosité de la frontière entre la musique classique et le hip-hop dans l’esprit des compositeurs. En effet, nous verrons que la réutilisation de la musique classique dans la musique populaire du XXe siècle était déjà bien intégrée dans les moeurs ; ou que la matérialité des outils a, elle aussi, exercé une influence sur le réusage de musique classique dans les productions de musique hip-hop. L’évolution technologique des outils et la confrontation de nos hypothèses avec les résultats obtenus auprès des acteurs de la scène hip-hop francophone nous forcera à appronfondir notre étude en réévaluant l’intérêt des compositeurs pour la musique savante au-delà du cadre des œuvres classiques.

Cette recherche et ses résultats ont vocation à ouvrir d’autres discussions quant au rapport entre musique hip-hop et musique classique. En effet, bon nombre d’autres pratiques de composition « voisines » du sampling savant démontrent également un intérêt pour cette rencontre, comme les concerts de hip-hop symphoniques par exemple. L’intérêt des compositeurs de musique hip-hop pour le timbre orchestral pourrait alors être évalué sous d’autres rapports. 

 

Composition du jury :

Président rapporteur : Dominic Thibault

Jury externe : Christophe Pirenne

Jury interne : Irina Kirchberg

Co-directeurs : Jonathan Goldman & Michel Duchesneau

Soutenance de thèse de doctorat en musique - Fabian Berthelot