Avec le concept de « banalité du mal », Hannah Arendt a fait perdre à l’homme ordinaire son innocence. Du moins, elle a permis de nommer les potentiels de violence et de barbarie qui habitent tout homme, de désigner la facilité avec laquelle nous pouvons devenir des bourreaux et par conséquent normaliser le pire, l’horreur, l’innommable et l’injustifiable. Les guerres, les génocides et autres atrocités ne sont pas nécessairement la conséquence de pathologies humaines ou d’anomalies morales et psychologiques. Des gens ordinaires et qui agissent normalement peuvent être des architectes de l’irréparable : ils peuvent vouloir et commettre le mal.
En quoi cette réflexion sur la « banalité du mal » nous permet-elle de comprendre les conflits et les violences qui fragilisent notre monde contemporain ? La réalité de « la banalité du mal » rend-elle illusoires les possibilités d’une paix durable au sein de nos sociétés et entre les peuples ?
Dans cette série de conférences, nous essaierons de répondre à ces questions en partant des réflexions arendtiennes sur le rapport entre la politique, la violence et le mal. Notre objectif sera de comprendre la spécificité du mal politique. Pour ce faire, nous baserons nos réflexions sur le terrorisme et sur la lutte contre celui-ci, sur la montée du populisme et des « démocraties illibérales », sur les guerres dévastatrices au Yémen, au Tigré (Éthiopie) et en Ukraine.
Conférencier :
Amadou Sadjo-Barry, Ph. D., est professeur de philosophie au Cégep de Saint-Hyacinthe. Il est titulaire d’un baccalauréat en philosophie et politique de l’Université de Montréal. Après avoir rédigé un mémoire de maîtrise consacré à la philosophie morale de Kant, il a entrepris des études de troisième cycle en éthique des relations internationales. Il s’est spécialisé dans les questions liées à la justice globale, la politique étrangère et les politiques du développement. Il publie souvent des textes d’opinion (Le Devoir, La Presse +, HuffPost Québec, Le Soleil) consacrés au commentaire de l’actualité nationale et internationale.
