La recherche actuelle, aussi bien scientifique que musicologique, a montré que les séquences sonores émises par certains oiseaux forment de unités musicales comportant des variations d’intervalle, de durée, de timbre, voire, dans certains cas, ce que l’on pourrait appeler un vrai style individuel, transmis de génération en génération et constituant une sorte de « proto-culture ». Or, de telles observations étaient déjà en germe dans la pensée des Anciens, qui avaient noté que certains animaux réagissaient à des modes et à des rythmes et sont capables de produire des expressions sonores irréductibles à des fonctions biologiques ou de communication. Ces observations s’inscrivent dans une problématique plus générale, touchant à la définition de la musique comme art et produit spécifique de l’intelligence humaine. Pour en saisir les enjeux, nous nous concentrerons, entre autres, sur la lecture et le commentaire de quelques sources qui jalonnent l’évolution de la pensée antique sur ce sujet.