Bourdons, une œuvre pour orchestre et bande.
Commande de l'OUM, Décembre 2021
Lorsque Jean-François Rivest m'a proposé d'écrire une pièce pour l'Orchestre de l'Université de Montréal (OUM), j'ai eu envie d'adapter l'une de celles-là pour ce grand ensemble. J'ai choisi StrinGDberg (2001-03), qui est la première œuvre d'un cycle que j'ai nommé Spatialisation timbrale. Comme elle est basée sur une mélodie improvisée jouée à la vielle à roue, j'avais donc tout le matériau mélodique sous la main. Ne restait plus qu'à faire l’orchestration. Tout un défi !
La pièce originelle propose un parcours méditatif sur la notion de timbre. Le son complexe de la vielle à roue était filtré de manière très importante au début de la pièce, au point où l'auditeur devait tendre l'oreille. Puis, progressivement, les filtres s'ouvrent et laissent passer de plus en plus de son et de composantes aiguës. Tous ces filtres étaient dispersés dans l'espace dans des haut-parleurs différents, d'où le nom du cycle. Je propose parfois aux auditeurs de circuler dans la salle, si cela est possible, afin d'aiguiser leur perception de l'espace du son grâce à ce dispositif.
Dans Bourdons, j'ai transposé à l'orchestre cette idée de filtrage. Les instrumentistes sont invités à jouer avec le moins de timbre possible au début de l'œuvre, jusqu'à faire crier, grincer et frotter leur instrument au moment du climax. Pour les auditeurs c'est une occasion de (re)découvrir le timbre de ces instruments pourtant si connus. La partie électroacoustique vient envelopper l'orchestre à travers un dispositif en forme de dôme qui englobe complètement celui-ci. L'octobasse de l'Orchestre Symphonique de Montréal appuie les musiciens en jouant les bourdons graves.
Robert Normandeau: son travail de compositeur est principalement consacré à la musique acousmatique. Plus spécifiquement, par les sonorités utilisées et les choix esthétiques qui la tendent, sa démarche s’inscrit dans un «cinéma pour l’oreille» où le ‘sens’ contribue à l’élaboration de ses œuvres tout autant que le ‘son’. Plus récemment il a composé un cycle d’œuvres de musique immersive multicanal pour dôme de haut-parleurs. L'espace est devenu une caractéristique majeure de son travail musical.
Il a aussi œuvré comme directeur artistique pendant plus de vingt ans, notamment pour les séries de concerts Clair de terre (Association pour la création et la recherche électroacoustiques du Québec (ACREQ)) de 1989 à 93 au Planétarium de Montréal, et Rien à voir et Akousma (Réseaux) de 1997 à 2006.
Il est professeur de composition électroacoustique à l’Université de Montréal depuis 1999 après y avoir obtenu le premier doctorat (1992) en composition électroacoustique, sous la direction de Marcelle Deschênes et de Francis Dhomont. Il y dirige le Groupe de recherche en immersion spatiale (GRIS), qui produit des logiciels de spatialisation sonore.