Épisode 1 : Confucius tel qu’en lui-même et en son monde
Il s’agira dans cette première conférence de présenter à la fois la personne et la pensée de Confucius (551-479 BCE), à partir des textes originaux qui ont recueilli sa parole et des quelques éléments biographiques dont nous disposons. Toutefois, puisqu’une pensée n’est jamais hors-sol, et celle du maître Kong moins qu’aucune autre, nous nous intéresserons aussi à l’état de cette Chine préimpériale, à cette Chine qui n’est pas encore la Chine, mais un espace constellé de royaumes en quête d’hégémonie ou de survie. Au cœur de ceux-ci siégeait la dernière grande dynastie royale des Zhou (1046-256 BCE), dont l’influence civilisatrice déclinante a poussé Confucius à s’en faire le protecteur, le transmetteur et, en un sens, le rénovateur.
Épisode 2 : Les penseurs confucéens
Comme on peut s’en douter, la liste des penseurs influencés par la doctrine confucéenne comprend tant d’entrées qu’aucune conférence ne saurait en venir à bout. Même les adversaires de Confucius, tels Zhuangzi, Mozi ou Hanfeizi, le citent, s’en inspirent, voire le mettent en scène! Nous nous concentrerons donc sur trois figures qui ont joué un rôle particulièrement déterminant dans l’interprétation du corpus confucéen et qui ont ainsi ouvert les trois grandes orientations du confucianisme philosophique : Mencius (372-289 BCE), Xunzi (298-238 BCE) et bien plus tardivement Zhuxi (1130-1200 CE), fondateur du néo-confucianisme. Une telle réduction ne nous empêchera pas d’évoquer d’autres personnages importants comme Dong Zhongshu, Wang Fu, Yang Xiong, Wang Yangming ou encore Wang Fuzhi.
Épisode 3 : Le confucianisme
Cette appellation en « -isme » nous fait quitter la pure sphère de la pensée spéculative pour entrer dans un courant qui concerne bien plus l’histoire politique. Si l’école confucéenne a certes été constituée avant l’avènement du Premier Empire, son destin en tant que doctrine d’État demeure en revanche intimement associé au devenir impérial de la Chine. C’est ainsi par un décret de l’empereur Wu de la dynastie Han (141-87 BCE) que Confucius devient « saint » patron du nouvel Empire et sa doctrine, le cadre de sa pratique politique. Or, en devenant la philosophie des lettrés-fonctionnaires, le confucianisme a lui aussi dû entrer dans un cadre dont la rigidité l’a certes préservé en lui assurant une longévité extraordinaire, mais au prix d’une certaine pétrification. En devenant l’auxiliaire de la pérennité d’un régime, le confucianisme s’est changé en un conformisme et un moralisme bornés qui ont accumulé contre eux tous les esprits novateurs et progressifs. C’est ainsi que lorsqu’a été déposée la dernière dynastie des Qing (1912), cela s’est fait au bruit des slogans : « À bas Confucius! » L’éclipse a duré moins d’un siècle et, depuis la fin du régime maoïste et l’entrée de la Chine dans la compétition internationale, Confucius revient. Les raisons d’un tel retour sont complexes; nous tâcherons d’en esquisser certaines des plus opérantes – quoi qu’il en soit, elles sont encore de nature politique. Or une question demeure : le confucianisme est-il une pensée du politique?
Conférencier :
Alexis Lavis est professeur agrégé et docteur en philosophie, sinologue spécialiste de la pensée chinoise ; il est Associate Professor à la Renmin University of China (Beijing, Chine), en histoire de la philosophie et philosophie comparée.