Les études portant sur la résistance postcoloniale sont en grande partie basées sur le dualisme entre les puissances impériales occidentales et leurs anciennes colonies, entre le colonisateur et le colonisé. En général, les questions de postcolonialité sont perçues comme se rapportant à un discours contre-hégémonique et aux tentatives de résistance face aux représentations colonialistes des sociétés colonisées et subalternes. Ce mouvement a donné lieu à un esthétisme de la résistance dans la littérature postimpériale, surtout préoccupée de questions d’identité nationale ou culturelle.
La recherche en traduction postcoloniale a longtemps été circonscrite par ce binarisme impérial où les considérations éthiques sont guidées par la quête d’une optimisation de la représentation de l’altérité. Récemment, on sent un virage dans le paradigme de l’expression artistique postcoloniale vers une nouvelle orientation, passant d’un discours anti-impérialiste à un discours de la résistance au sein même de la postcolonie.
Dans ce contexte, la postcolonialité se préoccupe davantage des pratiques hégémoniques néocoloniales actuelles que du passé, et met de l’avant une politique d’opposition et de lutte au sein de l’espace néocolonial et postindépendance en déstabilisant la relation entre le centre et la périphérie. Plutôt que de se heurter à une lutte de pouvoir externe, la traduction est vue ici comme jouant un rôle dans la construction d’une conscience nationale à la lumière des relations de pouvoir dans la postcolonie.