Où en sommes-nous actuellement en études romanis? Au-delà des changements
déclenchés par la mondialisation et les technologies, les évènements
historiques récents, tels que le démembrement de l'Union Soviétique et
l'élargissement de l'Union Européenne, ont fait en sorte que les communautés
romanis (« tziganes ») sont impliquées dans des débats vifs sur leurs
multiples langues et cultures, voire leur propre identité. Historiquement,
les communautés romanis partout dans le monde ont communiqué entre elles,
d'une part au moyen d'un vocabulaire « noyau » partagé, d'autre part par
leurs dialectes qui font interface avec d'autres langues et d'autres
expressions culturelles, qui reflètent en fait leurs divers pays de
résidence. La création d'une tradition de traduction moderne se développe en
même temps que l'alphabétisation et la création, la codification, la
standardisation et la consolidation d'une langue « normalisée » romani. De
plus, les technologies et l'Internet augmentent le contact entre plusieurs
communautés romanis, surtout en ligne. Des questions très intéressantes se
posent alors pour la traductologie. Les empreintes des interfaces
interlingues, bilingues, multilingues, multiculturelles, survivront-elles ?
De quelle manière interviendra la traduction dans la création d'un corpus et
la canonisation des œuvres littéraires et artistiques ? Comment la
théorisation de la traduction devrait-elle articuler le texte source, façonné
en si grande partie par le corps migrant et toujours en cours de traduction ?
L'acte de lire pour les communautés romanis représente-t-il toujours le fait
de lire et de se lire en traduction ? Comment se manifestent concrètement ces
questions sur la scène théâtrale ?