Étudiant au doctorat en traduction
Université de Montréal
À en croire les travaux publiés en traductologie, les techniques d’enseignement des cours pratiques de traduction sont le fruit d’une tradition pluriséculaire. En effet, aujourd’hui force est de constater que ce sont les traductions collectives, la performance magistrale et la pédagogie du « lisez et traduisez » qui s’imposent comme les méthodes d’enseignement les plus utilisées. Dans notre projet de thèse, nous essayons de répondre, entre autres, à la question : pourquoi ces méthodologies traditionnelles s’imposent toujours si des experts en enseignement de la traduction (Jean Delisle [1980 et 2003], Donald Kiraly [1995, 2000] Amparo Hurtado [1999], entre autres) ont remis en question leur pertinence dans la formation des professionnels de la traduction?
Notre présentation portera sur les facteurs internes et externes à la traductologie faisant entrave à l’innovation dans les cours pratiques de traduction. Parmi les facteurs externes, nous analyserons la place de la pédagogie dans l’institution universitaire, le rapport entre la recherche et l’enseignement, et la lourdeur de la charge des professeurs. Dans les facteurs internes, il s’agira de l’institutionnalisation de la formation des professionnels de la traduction, le caractère fragmentaire des propositions novatrices, la traduction naturelle, le mépris des questions pédagogiques, l’écart entre la formation et la pratique professionnelle, l’intérêt des traductologues et une formation pédagogique déficiente du corps enseignant.
Nous partons du constat que, indépendamment des méthodes et des instructeurs, l’apprentissage a toujours lieu, car celui-ci est le produit d’un véritable désir d’apprendre. Cependant, la formation institutionnalisée obéit à un projet éducatif à portée sociale qui constitue le mandat des universités. Dans ce sens, si l’exercice professionnel de la traduction demande des professionnels actifs, capables de prendre des décisions de façon autonome, capables de résoudre des problèmes, capables de travailler en équipe, capables d’apprendre de manière continue et autonome, il est évident que les techniques d’enseignement traditionnelles ne sont plus adéquates pour former les professionnels demandés par la société d’aujourd’hui et de demain.