Longtemps, être femme et être mère se confondent dans l’imaginaire collectif : aux yeux de la société, la femme se définit avant tout par sa capacité à procréer. Si saint Paul considère que « la femme sera sauvée en devenant mère », on prête à Marie Leszczynka, épouse de Louis XV, ces mots plus désabusés : « Toujours coucher, toujours grosse, toujours accoucher. »
Perçues comme naturelles, toutes les étapes qui jalonnent la vie des mères relèvent en réalité d’un processus de civilisation complexe : elles témoignent tant de l’évolution des mentalités d’une époque que de la pression sociale – majoritairement masculine – que les femmes ont à subir.
Faire l’histoire de la maternité, c’est donc aussi se pencher sur celle de la condition féminine et de la famille, de la sexualité, des rapports de genre, des représentations, des pratiques de santé ou encore des croyances, dans un monde où la religion imprègne le quotidien jusque dans le plus intime.
Emmanuelle Friant, Ph. D., est docteure en histoire moderne et diplômée en études anglaises et nord-américaines. Fondatrice du Collectif d’Anthropologie et d’Histoire du Spirituel et des Affects (CAHSA), elle se spécialise dans l’étude des mentalités, des sensibilités et des pratiques socioculturelles et religieuses en Europe et dans les colonies d’Amérique du Nord. Conférencière, elle a également enseigné l’histoire à l’université durant 12 ans, dont 6 à l’Université de Montréal.