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Prix: Entrée libre
Local 422
2910, boulevard Édouard-Montpetit
Montréal (QC) Canada  H3T 1J7

Avec Stella Gaon, Département de Science politique, St. Mary's University.

Cette conférence est présentée par le Département de philosophie de l'Université de Montréal.

La conférence aura lieu en anglais.

Résumé en français : Jacques Derrida est bien connu pour avoir ébranlé, fondamentalement, les idéaux critiques de l’universalité et de la raison dite transcendantale et, ainsi, d’avoir rendu douteuses les tentatives philosophiques les plus rigoureuses à les reformuler (telle que celle de Habermas). Pour de nombreux politologues, le défi derridien mène immanquablement à la conclusion que les valeurs morales sont relatives et cela, nonobstant l’insistance avec laquelle Derrida répétait que la déconstruction comprend toujours un « surplus de responsabilité ». Or, si la question de la responsabilité éthique ne se termine tout simplement pas dans le projet de la déconstruction derridienne, et si l’on ne peut plus y répondre en ressassant le discours philosophique de la modernité, alors sur quel fondement éthique peut on poser nos interventions politiques ? Pour tenter d’y répondre, je revisite l’analyse de Freud de l’intégrité psychique. Je montrerai que la psychanalyse freudienne peut effectivement fonder la responsabilité éthico-politique, quoique en des sens qualifié et restreint. L’explication psychanalytique est « qualifiée » dans la mesure où elle va jusqu’à l’impératif psychique de questionner, au lieu de déterminer, nos fins morales. Cela, parce que l’origine du moi est précisément indécidable, comme nous le verrons. Le fondement psychanalytique est « restreint » en ce sens qu’il présuppose un sujet social spécifique dont la reproduction ne se laisse justifier en dernière analyse. Mais enfin, cette explication quasi-éthique, visant un sujet quasi-responsable, ne se révèle-t-il pas comme le terrain glissant des malaisés de la déconstruction?

Résumé en anglais : Jacques Derrida is notable for having fundamentally undermined the critical ideals of universality and transcendental reason, and thereby rendered questionable the most rigorous philosophical attempts (such as Habermas’) to reformulate them. For many political theorists, this challenge leads to the conclusion that moral values are relative, notwithstanding Derrida’s own insistence that deconstruction entails a “surplus of responsibility.” Yet if the question of ethical-political responsibility does not simply end in deconstruction, and if it is no longer answerable with recourse to the philosophical discourse of modernity either, then on what possible ethical grounds can interventions in politics be based? I turn to Freud’s analysis of psychic integrity to address this issue. I argue that Freudian psychoanalysis can account for the ethical-political responsibility that constitutes conscience, but only in a qualified sense and to a limited extent. The psychoanalytical account is qualified insofar as it extends only to a (psychic) imperative to question, rather than to determine, our moral ends (precisely because the origin of the ego is strictly undecidable); it is limited insofar as it presupposes a particular social subject whose reproduction ultimately cannot be justified. This quasi-ethical account of a quasi-responsible subject does, perhaps, constitute deconstruction’s discontents.

Stella Gaon - Deconstruction and Its Discontents : Derrida, Freud, and the Impossible Origin of Conscience
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