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Effets d’un dispositif plurilingue d’enseignement de l’orthographe grammaticale française sur les apprentissages d’élèves du secondaire en milieu pluriethnique et plurilingue


Sous la direction de recherche de Françoise Armand (Département de didactique) et de Catherine Brissaud (Université Grenobles Alpes)


Résumé


Des vagues d’immigration successives ont fait du Québec le lieu d’une importante diversité linguistique et culturelle. Ainsi, de nombreux élèves bi/plurilingues sont maintenant scolarisés dans les classes ordinaires des écoles francophones québécoises, notamment au secondaire. Pour ces élèves, l’apprentissage de l’écriture est bien souvent un défi de taille. L’apprentissage de l’orthographe grammaticale (OG) du français, plus spécifiquement, constitue un obstacle important au développement de leur compétence à écrire. Cet obstacle se présente d’ailleurs pour l’ensemble des élèves scolarisés dans cette langue. Les accords verbaux et adjectivaux de même que le choix des terminaisons verbales en /E/ sont entre autres la source de difficultés marquées (Brissaud, Chevrot et Lefrançois, 2006 ; Manesse et Cogis, 2007). La présente recherche doctorale vise donc à contribuer à l’identification de dispositifs favorisant l’apprentissage de l’OG française d’élèves bi/plurilingues scolarisés en classe ordinaire au secondaire en milieu pluriethnique et plurilingue.


Conçues en réponse aux difficultés des élèves en contexte de langue première, certaines interventions tendent à avoir des effets positifs sur leur apprentissage de l’OG, telles que les dictées métacognitives (Nadeau et Fisher, 2014) et une approche intégrée d’enseignement de l’orthographe (Allal et al., 2001). Dans notre thèse, nous avons conçu un dispositif qui s’inspire de ces interventions et, afin de prendre en compte les spécificités des milieux scolaires pluriethniques et plurilingues, nous avons intégré des approches plurilingues à ce dispositif. Ces approches sont susceptibles d’engager les élèves bi/plurilingues dans leurs apprentissages et de favoriser le développement de capacités métalinguistiques, en plus de soutenir d’éventuels transferts entre les langues (Cummins, 2009 ; de Pietro, 2003 ; Moore, 2006).


C’est ainsi que nous avons conçu un « dispositif plurilingue » d’enseignement de l’OG française. Ce dispositif allie la production de textes identitaires plurilingues (Cummins et Early, 2011) et la mise en œuvre de dictées métacognitives soutenues par des approches plurilingues, qui prennent la forme d’activités d’éveil aux langues (Armand, 2014 ; Auger, 2014) et de pratiques translinguistiques (Candelier et de Pietro, 2008 ; García et Kano, 2014). Nous avons testé l’hypothèse selon laquelle ce dispositif plurilingue favoriserait le développement de la compétence des élèves en OG en français. À cette fin, nous l’avons mis à l’essai auprès d’élèves bi/plurilingues de première secondaire (groupe expérimental 1 ; n = 79), puis nous avons comparé ses effets avec ceux d’un « dispositif monolingue » d’enseignement de l’OG (groupe expérimental 2 ; n = 70), qui allie approche intégrée et dictées métacognitives, en français seulement, et avec ceux de pratiques habituelles d’enseignement de l’OG (groupe contrôle ; n = 46). Nous avons évalué la compétence en OG de l’ensemble des élèves au moyen d’une dictée et d’une production écrite guidée. Des entretiens métagraphiques réalisés auprès d’un nombre ciblé de participants des trois groupes (au total, n = 24) ont également permis une compréhension plus fine de l’évolution de leurs procédures graphiques. La passation de ces outils s’est effectuée à trois reprises : avant l’intervention (prétest), immédiatement après l’intervention (posttest immédiat) et cinq semaines après l’intervention (posttest différé).


Au terme de notre recherche, nous constatons que le dispositif plurilingue apporte une contribution significativement plus grande au développement de la compétence en OG en français que des pratiques habituelles d’enseignement de l’OG. De plus, ce dispositif contribue tout autant, voire plus, à ce développement que le dispositif monolingue, alors que les effets propres au dispositif plurilingue se présentent notamment sous la forme d’un ancrage des apprentissages des élèves dans la durée. En effet, au posttest différé, seules les performances globales à la dictée des élèves du groupe expérimental 1 sont significativement supérieures à celles des élèves au groupe contrôle. Quant aux performances globales à la production écrite guidée, celles des élèves des groupes expérimentaux 1 et 2 sont significativement supérieures à celles des élèves du groupe contrôle. Enfin, au moyen des données tirées des entretiens métagraphiques, nous constatons l’existence d’un lien entre les plus grands progrès dans les performances globales des élèves des groupes expérimentaux 1 et 2 et l’augmentation du recours à des procédures morphosyntaxiques et à des procédures de remplacement, une tendance qui ne se dégage pas des résultats obtenus dans le groupe contrôle.

Soutenance de thèse de Catherine Maynard