Analyse des conditions et des stratégies de gestion des directions dans la mise en œuvre des cycles d'apprentissage dans les écoles primaires francophones montréalaises
Département d'administration et fondements de l'éducation
Sous la direction de recherche de Jean Archambault
Résumé
Cette thèse doctorale s’intéresse à la gestion du changement de 21 directions d’école appelées à mettre en œuvre une organisation en cycles d’apprentissage dans leur milieu. Ce changement complexe, prescrit par le Gouvernement du Québec dans le cadre de la réforme de l’éducation, implique des modifications majeures au niveau de l’organisation scolaire, des pratiques pédagogiques et des pratiques professionnelles. Afin de réaliser l’implantation de cette réforme au début des années 2000, le gouvernement favorisa une approche hybride qui offre de la marge de manœuvre aux écoles pour qu’elles adaptent le projet de changement en fonction de leurs besoins et des conditions spécifiques du milieu. Or, selon toute vraisemblance, l’implantation des cycles d’apprentissage reste à faire dans la plupart des écoles primaires québécoises. Les difficultés d’implanter les cycles d’apprentissage sont aussi observées en France et en Belgique francophone. Comment expliquer ces difficultés d’implantation ?
Notre recherche apporte des éléments de réponse à cette question, en proposant une analyse exhaustive de ce qu’implique un fonctionnement en cycles d’apprentissage, un concept relativement nouveau et flou pour de nombreux acteurs scolaires. La portée de ce changement qui touche, entre autres, à la forme et au travail scolaire, nécessite une révision en profondeur des pratiques dans les écoles. Un changement de cette envergure est difficile à réaliser selon les écrits présentés dans cette thèse, particulièrement s’il ne constitue pas une priorité pour les autorités en place aux divers paliers du système (école, commission scolaire, ministère de l’Éducation). Ceci étant, certaines écoles primaires de l’étude sont plus avancées que d’autres dans la mise en œuvre des cycles d’apprentissage, bien qu’aucune ne fonctionne complètement en cycles.
Afin d’en apprendre davantage sur les raisons pouvant expliquer ces différences, nous nous sommes intéressé à divers facteurs de réussite des réformes que nous avons regroupés en cinq catégories, soit : la vision du changement des directions d’école, les initiatives et les stratégies de gestion des directions, les conditions générales et spécifiques susceptibles d’influencer la mise en œuvre des cycles, puis les effets des cycles d’apprentissage dans ces écoles. Il ressort de notre étude que seule une minorité de directions estiment ce changement obligatoire et ont une vision conforme de ce qu’est un fonctionnement en cycles d’apprentissage. Outre ces constats, la complexité du changement a été sous-estimée. De plus, la gestion de ce changement a manqué de planification et de suivi, ce qui fait en sorte que l’implantation des cycles d’apprentissage reste à faire. Dans ce sens, cette thèse constitue aussi une forme d’évaluation de la mise en œuvre de la dernière réforme en éducation au Québec.