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Développement de la compétence orthographique : étude des connaissances des frontières lexicales d’élèves sans difficulté à l’écrit et d’élèves dyslexiques du primaire

Sous la direction de recherche de Daniel Daigle (Département de didactique, Faculté des sciences de l'éducation) et d'Élisabeth Demont (Université de Strasbourg).

Résumé

La lecture et l’écriture sont deux activités complexes qui contribuent à la réussite dans toutes les disciplines scolaires. Pour l’apprenti scripteur, et plus particulièrement pour l’élève qui éprouve des difficultés d’apprentissage (notamment l’élève dyslexique), l’apprentissage de l’orthographe représente un réel défi et nécessite souvent des années d’effort. Or, la connaissance du code orthographique constitue le socle sur lequel se construit la compétence orthographique.

La reconnaissance et la production de mots écrits impliquent la mise en place d’un noyau de connaissances communes se rapportant aux connaissances orthographiques, c’est-à-dire aux connaissances rattachées aux propriétés phonologiques, morphologiques et visuelles du code orthographique. Ainsi, tout au long du développement de la compétence orthographique, le lecteur-scripteur doit notamment construire des représentations orthographiques de plus en plus stables et mieux définies qui tiennent compte de l’ensemble des propriétés du code orthographique. Des données empiriques récentes indiquent toutefois que les élèves dyslexiques, qui commettent davantage d’erreurs orthographiques de fusion et de segmentation de mots que les élèves sans difficulté à l’écrit, ne semblent pas disposer de représentations orthographiques précises des mots à orthographier, et plus spécifiquement de bonnes représentations du début et de la fin des mots. L’objectif général de cette étude est donc d’expliquer les erreurs orthographiques de frontières lexicales chez les élèves dyslexiques. Comme à notre connaissance, il n’existe pas de norme quant au développement des connaissances des frontières lexicales chez les élèves normo-lecteurs/scripteurs, le premier objectif spécifique est de décrire, de façon transversale et longitudinale, les performances d’élèves normo-lecteurs/scripteurs de la maternelle à la 4e année du primaire à des épreuves évaluant les connaissances des frontières lexicales (étude 1). La mise en place de cette référence développementale a permis de répondre au deuxième objectif spécifique qui est d’évaluer les connaissances des frontières lexicales d’élèves dyslexiques du primaire (étude 2).

Pour évaluer les compétences en lecture et en production de mots, une épreuve de lecture de la batterie de tests du K-ABC et une dictée de mots insérés en contexte phrastique ont été proposées. Trois épreuves (décision lexicale, identification lexicale et permutation lexicale), variant en termes de degré de contraintes cognitives, ont été effectuées par tous les participants à l’oral et à l’écrit afin d’évaluer leurs connaissances des frontières lexicales.

Pour l’étude 1, les résultats révèlent que les connaissances des frontières lexicales semblent être en voie d’être maîtrisées à la fin de la 2e année du primaire et réellement maîtrisées à partir de la 3e-4e année. Par ailleurs, une part significative de la variance des résultats en lecture et en production de mots s’explique par les connaissances des frontières lexicales mesurées l’année précédente. De façon générale, bien qu’une nuance importante doive être apportée pour la tâche de permutation, il ne semble pas y avoir d’impact de la modalité (orale et écrite) sur les performances. Par contre, un effet de la variabilité des épreuves en termes de contraintes cognitives a été observé. Les résultats obtenus dans l’étude 2 révèlent un important retard dans le parcours développemental lié aux connaissances des frontières lexicales chez les enfants dyslexiques, connaissances corrélées, tout comme pour les participants normo-lecteurs/scripteurs, aux épreuves de dictée et de lecture. De plus, le degré de contraintes cognitives des épreuves ainsi que la modalité semblent influencer leurs performances. Considérant les résultats des études 1 et 2 et le fait que les connaissances des frontières lexicales sont un élément central dans la fondation des connaissances émergentes quant à la lecture et à l’écriture, il conviendrait de mettre en place un enseignement explicite de ces connaissances auprès des élèves dyslexiques et de manière plus générale auprès des élèves dès la maternelle. D’autres recherches seront nécessaires pour mieux comprendre le rôle joué par les connaissances orthographiques, et notamment visuelles, dans le développement de la compétence en lecture et en écriture. 

Soutenance de thèse d'Agnès Costerg