Les usages et les représentations sociales de l’apprentissage mobile chez des futurs enseignants brésiliens et québécois
Soutenance de thèse de Renata Lopes Jaguaribe Pontes, sous la direction de recherche de Thierry Karsenti.
Résumé
L’apprentissage mobile est vu comme un apprentissage qui se déroule dans des contextes multiples, qu’ils soient formels ou informels, à travers des interactions sociales et des contenus en utilisant des dispositifs électroniques et personnels (Crompton, 2013). Pour l’UNESCO (2012), elle représente une des solutions pour contribuer à une formation des enseignants capable de répondre aux besoins éducatifs du XXIe siècle. De plus, en raison de la baisse du coût des appareils mobiles et grâce à l'amélioration des réseaux numériques, l’apprentissage mobile est devenu une réalité tangible (Johnson et al., 2011). C’est le cas au Brésil et au Canada, deux pays qui présentent de hautes statistiques liées aux abonnements à la large bande mobile et à la possession des technologies mobiles. Dans le contexte éducatif, la législation régissant la formation initiale des enseignants de ces deux pays met en évidence l’importance de l’usage des TIC de façon à soutenir l’apprentissage du futur enseignant, entrevoyant aussi son utilisation pour leur futur enseignement. En plus, les projets d’apprentissage mobile sont déjà une réalité dans les écoles de la province de Québec, Canada, et de l’état du Ceará, Brésil. Dans ce contexte, à partir des usages déclarés des technologies mobiles pour l’apprentissage et en prenant comme référence la théorie des représentations sociales (Moscovici, 1961), cette recherche vise à mieux connaitre les usages pédagogiques des technologies mobiles et les représentations sociales de futurs enseignants brésiliens et québécois sur l’apprentissage mobile. Pour mieux comprendre comment ce type d’apprentissage peut soutenir les futurs enseignants, il est primordial de connaitre quels sont les avantages et les défis perçus par ceux qui pratiquent l’apprentissage mobile. Une méthodologie d’approche mixte a été employée avec l’administration d’un questionnaire auprès de 189 étudiants brésiliens et de 149 québécois ainsi qu’un entretien semi-dirigé avec un total de 36 étudiants, 18 étudiants provenant de cours de baccalauréat en enseignement d’une université brésilienne et 18 étudiants de cours de baccalauréat en enseignement d’une université québécoise. Une analyse statistique descriptive a été effectuée à partir des données quantitatives et une analyse de contenu des données qualitatives collectées. Les résultats montrent que les futurs enseignants brésiliens et québécois sont très mobiles, c’est à dire qu’ils sont très équipés avec des appareils mobiles et très connectés à Internet. Nous constatons que, pour ces deux groupes, l’apprentissage mobile est déjà une réalité dans leur vie étudiante puisqu’ils déclarent l’utiliser dans plusieurs activités à des fins d’apprentissage et que la plupart de ces usages sont faits de manière autonome, sans guidance des professeurs. Pour ce qui est de leurs représentations sociales sur le rôle de l’apprentissage mobile comme étudiants, tant les brésiliens que les québécois le perçoivent comme un type d’apprentissage qui complète leurs études pendant leur formation initiale. Ils mettent en évidence également plusieurs avantages de l’apprentissage mobile : il augmente l’accès à des informations et ressources, facilite la réalisation de recherches, permet d’apprendre à tout moment et en tout endroit et dynamise la communication. Ils indiquent cependant que les appareils mobiles peuvent favoriser la distraction et ainsi nuire à leurs études. Nous constatons aussi que les futurs enseignants brésiliens et québécois ont des attitudes positives à l’égard de l’usage des technologies mobiles dans l’enseignement. Ces résultats soulignent l’importance pour les institutions d’utiliser et d’encourager l’usage des technologies mobiles en classe et hors classe favorisant un apprentissage actif des étudiants, tout en les aidant à combattre la distraction. Enfin, nous constatons qu’en dépit de quelques différences liées principalement aux divers contextes socioéconomiques des deux pays, les similarités sont évidentes. Les deux groupes d'étudiants sont déjà très mobiles, ouverts à apprendre et à enseigner en mobilité.