Le vendredi 9 mars 2018, la tromboniste virtuose Abbie Conant fera un arrêt remarqué à la Faculté de musique. Première femme à avoir occupé le pupitre de trombone solo du Münchner Philharmoniker, elle se consacre aujourd’hui à l’enseignement, à la Musikhochschule Trossingen, et mène une importante carrière de soliste, présentant les œuvres originales de son mari, le compositeur William Osborne. En plus d’un cours de maître public aux étudiants en trombone de la classe de David Martin, qui aura lieu à la salle Jean-Papineau-Couture à 10 h, Abbie Conant présentera à 19 h 30 un concert saisissant, Aletheia, à la salle Claude-Champagne.
Bonne nouvelle, ces événements sont gratuits et ouverts au public.
ALETHEIA
Présentation
La création d’Aletheia a eu lieu le 30 juin 2017 près de Los Angeles à l’University of the Redlands, dans le cadre de l’International Trombone Festival. Ce théâtre musical a aussi été présenté en avant-première à la Musikhochschule Trossingen en janvier 2016.
L’œuvre est écrite pour une chanteuse-instrumentiste, un piano contrôlé par ordinateur et électronique quadriphonique. « Aletheia », l’un des nombreux mots en grec ancien désignant « vérité », signifie aussi « créer un espace où la vérité peut émerger ».
Argument
Cantatrice, Aletheia est ravie d’avoir été invitée à se produire lors d’un gala d’opéra. Elle doit simplement descendre dans une cour et impressionner le public avec sa prestation. Mais elle hésite, désespérée. Devrait-elle vraiment chanter ? Pourquoi ses pieds refusent-ils donc de bouger ? Ne sait-elle pas qu’elle vit dans une cage, une cage de fer dont la forme est celle d’une jeune fille ?
Elle se prépare, se maquille, regarde par la fenêtre et observe les riches mécènes tout en commentant ce qu’elle voit. Au cœur de Détroit, parmi les ruines de la ville, la maison d’opéra a été laissée à l’abandon. Tout s’est effondré : un piano à queue gît, renversé, échoué telle une baleine. Aletheia se demande si son cœur pourra survivre. Elle tente de téléphoner à Jeremy. (Un ancien amoureux ?) Aucune réponse. Elle lui parle tout de même. (Parle-moi…) Sur un côté de sa cage se trouve un instrument, dont elle joue. (Est-elle seule ou alors…?) Elle entend un chœur de femmes. Folie ? Espoir ? Mort ? Transcendance ? Vérité ? L’espoir que son chant puisse ranimer cette ville dépourvue de son lustre d’autre fois ?
Texte et performance : Abbie Conant, tromboniste, chanteuse et comédienne
Composition, texte, mise en scène, sonorisation, décor : William Osborne
Abbie Conant
Tromboniste
La lutte menée par Abbie Conant contre le sexisme dans le milieu orchestral est devenue légendaire. En effet, son combat contre la discrimination de genre à l’Orchestre philharmonique de Munich, ensemble au sein duquel elle décrochait en 1980 le poste de trombone solo à la suite d’une audition derrière un paravent, a notamment été raconté dans des journaux comme The Washington Post et The Wall Street Journal, de même que par l’auteur Malcolm Gladwell dans Blink, livre qui a figuré au palmarès « Best Sellers » du New York Times pendant 18 semaines. Son histoire a aussi été reprise dans un documentaire diffusé par la télévision nationale allemande. Après avoir remporté un long procès, Abbie Conant devient professeure titulaire à la Musikhochschule Trossingen et quitte, en 1993, l’Orchestre philharmonique de Munich. Après 10 ans de service à Munich, elle recevait le titre honorifique de Kammersolistin der Stadt Muenchen.
Abbie Conant a étudié à l’Interlochen Center for the Arts, avant de poursuivre son parcours auprès de Karl Hinterbichler à l’University of New Mexico. Élève de Dee Stewart à la Temple University, elle obtient un baccalauréat avec grande distinction, puis complète une maîtrise dans la classe de Per Brevig à la Juilliard School. Elle détient aussi un diplôme d’artiste de la Hochschule für Musik und Tanz Köln. C’est au Teatro Regio deTurin qu’elle décrochera son premier poste de trombone solo.
En plus d’avoir fait l’objet de nombreux articles dans des publications spécialisées, elle a été l’invitée d’émissions radiophoniques en Allemagne, au Canada et aux États-Unis. On a aussi pu la voir dans les films The Devil’s Triangle de Vadim Glowna et dans Die Zweite Heimat de Edgar Reitz.
William Osborne
Compositeur
Né en 1951 au Nouveau Mexique, William Osborne est le petit-fils de cultivateurs de coton. Après avoir obtenu en 1973 un baccalauréat de l’University of New Mexico, il poursuit ses études avec George Crumb tout en vivant à Philadelphie et à New York, puis avec Franco Donatoni à l’Accademia musicale Chigiana Siena et à l’Accademia Nazionale di Santa Cecilia de Rome. Lauréat de deux prix ASCAP, il a reçu une bourse doctorale de la Columbia University et un prestigieux prix de la ville de Munich pour ses productions d’après Beckett.
En 1984, il fonde The Wasteland Company avec son épouse, Abbie Conant (qui agit comme interprète principale), afin d’explorer les rôles de théâtre musical féminins. Ensemble, ils ont effectué des tournées dans plus de 165 villes d’Amérique et d’Europe. Leur travail a entre autres été applaudi à Biennale de Munich, au Bayerische Staatsoper, à la Juilliard School, au New England Conservatory, à la Yale University et à l’University of California.
William Osborne est l’auteur plusieurs articles portant sur la place des femmes dans le milieu de la musique, sur la sociologie de la musique et sur des concepts philosophiques ou théoriques. En 1998, l’International Alliance for Women in Music saluait son soutien pour les femmes dans le monde musical.
Cet événement est présenté grâce au soutien du Fonds Réjane P. Desautels pour les maîtres invités.
