L’analyse fine des connectivités dans la modélisation des collaborations entre université-état-entreprise : une nouvelle logique pour les systèmes d’innovation.
Soutenance de thèse de Marjolaine Adam, du Département de psychopédagogie et d'andragogie. Sous la direction de recherche de Francisco.A.Loiola
Résumé
Problématique et pertinence de la recherche
Cette recherche qualitative porte sur l’importance de l’analyse fine des connectivités entre les acteurs dans la modélisation des modes collaboratifs au sein d’un système d’innovation. La recherche a voulu reconnaître les facteurs et les sous-facteurs expliquant les connectivités vécues entre les acteurs universitaires, les entreprises et les organisations d’administration publique et parapublique au sein de leurs collaborations conduisant à l’innovation. Nous voulions également mieux comprendre leurs différences en regard des difficultés et des perceptions de leurs collaborations quant aux facteurs prépondérants des connectivités observées. Enfin, nous souhaitions comprendre l’influence de l’internationalisation des activités dans l’articulation des connectivités entre les acteurs. Il a été intuitivement suggéré que l’analyse fine des connectivités vécues entre les acteurs permettait de mieux saisir les nouveaux modes collaboratifs multiscalaires.
Cadre conceptuel et méthodologique
La pertinence de cette recherche réside en la création d’une nouvelle conceptualisation de la conduite de l’innovation, induite par la volonté des acteurs d’optimiser leurs connectivités dans le système d’innovation régional intégré au système d’innovation internationalisé, créant ainsi un pont conceptuel entre la théorie de la triple hélice et le modèle du système d’innovation régional (SIR).
Une enquête qualitative a été menée auprès de 30 participants sélectionnés dans le secteur des sciences de la vie et de la technologie de la santé du Grand Montréal. L’analyse fine des discours des participants nous a permis de dégager des thèmes reliés à quatre (4) facteurs de connectivité facilitant la conduite de l’innovation et à cinquante-deux (52) sous-facteurs de connectivité.
Résultats et contributions
Les résultats montrent les facteurs prépondérants de la connectivité, associés à leurs sous-facteurs, facilitant la conduite de l’innovation. Cependant, ces derniers s’articulent différemment entre les acteurs. En effet, si la majorité des intervenants s’entendent sur le fait que la collaboration concertée est favorable, des discontinuités persistent quant aux rôles des acteurs et aux difficultés vécues au sein du système.
La recherche tend à montrer qu’au-delà de la transformation hybride des rôles proposée par la théorie de la triple hélice et de l’organisation synergique des grappes encouragée par les SIR, les objectifs individualisés des acteurs les encouragent à sortir de leur zone de proximité pour satisfaire leurs besoins, dans l’instantanéité, tant à l’échelle régionale qu’internationale. Les connectivités multiscalaires se construisent donc à partir des sous-facteurs de connectivité pour lesquels la concertation entre les acteurs est plus difficile à atteindre.
Deux explications semblent émerger des travaux. D’abord, les acteurs agiront en fonction de leur propre capacité d’adaptation et, ensuite, en fonction de leur niveau de flexibilité à œuvrer au sein du système régional et international. Par ailleurs, leurs mouvements seront conduits dans une seule logique, celle d’optimiser leurs réactions devant leurs propres besoins d’innover. Cette logique, liée à la connectivité multiscalaire, est influencée par la densité de leurs réseaux, leurs liens de dépendance avec les autres acteurs et leur capacité d’agir librement quelle que soit l’échelle d’analyse.
Nous concluons donc notre thèse en présentant un modèle actualisé de la conduite de l’innovation en prenant comme appui l’analyse fine des connectivités et la propension des acteurs à collaborer de façon multiscalaire; bousculant ainsi les principes généraux des théories expliquant la conduite de l’innovation.