Gillian Lane-Mercier est professeure titulaire au Département de langue et de littérature française de l'Université McGill
De l'analyse quantitative à l'analyse qualitative en sociologie de la traduction : quelques réflexions d'ordre méthodologique
Cette conférence s’inscrit dans la sociologie du processus de traduction, telle qu’elle a été définie par Chesterman. Elle a pour objectif de rendre compte des principaux enjeux méthodologiques soulevés par un projet de recherche pilote ayant pour titre provisoire « La fiction anglo-québécoise en traduction française depuis 1970 : agents, agences et textes ». L’hypothèse de travail du projet se formule comme suit : la traduction littéraire a joué un rôle non négligeable à la fois dans l’ouverture graduelle de l’institution littéraire québécoise à la littérature d’expression anglaise du Québec et – surtout – dans la revitalisation des communautés culturelles anglo-québécoises.
Or, avant de procéder à la vérification de cette hypothèse, il a été nécessaire (i) d’établir une banque de données aussi exhaustive que possible de toutes les œuvres de fiction anglo-québécoises publiées depuis 1970, accompagnées, le cas échéant, de leurs traductions françaises et (ii) de procéder à une série d’analyses statistiques axées sur des questions d’ordre empirique. Plus généralement, il s’agissait de répondre à la question : qu’est-ce qu’une telle banque de données permet de dire sur la vitalité des communautés culturelles anglophones, sur l’intérêt manifesté à son égard par les institutions culturelles francophones et sur l’évolution du processus de traduction dans le contexte québécoise depuis cinquante ans? Ce sont les réponses à cette question que je propose d’esquisser, afin de démontrer que celles-ci contribuent à mieux consolider, sur le double plan méthodologique et théorique, l’articulation entre la sociologie de la traduction et la traductologie.