Benoit Léger est professeur titulaire dans le Département d'études françaises
à l'Université Concordia.
Hugh Pope, correspondant du Wall Street Journal attend le ferry qui l’emmènera de l’autre côté de la Caspienne, en Azerbaïdjan, mais comment se débrouille-t-il donc pour négocier l’achat d’un billet dans la foule? Le journaliste canadien Graeme Smith, suivant le déploiement de troupes de l’OTAN en Afghanistan pour le Globe and Mail, interroge un enfant dont la famille a été décimée par les frappes de la coalition. Mais qui parle, et en quelle langue? Certains des journalistes travaillant dans les zones de conflit ont une certaine connaissance de la langue ou même des diverses langues de la région (Robert Fisk, par exemple), mais la plupart d’entre eux dépendent de fixeurs, ces guides-chauffeurs-gardes du corps qui jouent également le rôle d’interprète, ce pour quoi ils n’ont reçu aucune formation. Leur travail a fait l’objet de bon nombre d’études qui ont permis de révéler le rôle de ces travailleurs de l’ombre; il s’agira ici d’analyser plutôt la représentation de ces interprètes amateurs chez quatre journalistes occidentaux ayant couvert le Proche et le Moyen-Orient, de la Turquie au Turkestan oriental (le Xinjian chinois) : Fred A. Reed, Robert Fisk, Hugh Pope et Graeme Smith. L’analyse de la manière dont ces reporters décrivent leurs fixeurs, des images employées et du positionnement de l’interprète par rapport à son donneur d’ouvrage permettra de mieux définir les rapports qu’ils entretiennent avec eux et de poser des hypothèses à ce sujet.
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