Conférence publique dans le cadre du cours REL 1340 - Religions, modernité et éthique, avec Jacynthe Tremblay, chercheuse invitée, Université Hokkaidō (Sapporo, Japon).
Parler de l’animal conduit à faire simultanément des affirmations concernant l’être humain et tout ce qu’il partage biologiquement avec les « bêtes ». En somme, cela consiste à apprivoiser, voire à remettre à l’honneur, un aspect très important qui se révèle progressivement au contact de l’animal et qui a été laissé le plus souvent dans l’ombre par la réflexion théologique et philosophique, à savoir le « soi sensible ». Nishida Kitarô (1870-1945) chercha à mettre en vigueur la continuité entre l’animal et l’être humain de différentes manières, notamment en mettant l’accent sur le fait que le « corps », que l’humain partage avec l’animal et dont l’aspect sensible est le mode d’expression privilégié, est précisément le centre de gravité de l’existence humaine. Au contact de sa philosophie, il est possible qu’on en vienne à hésiter à ingérer le corps d’êtres vivants qui représentent par rapport à nous une altérité si inaliénable qu’elle échappe fondamentalement à nos tentatives de domination et d’objectivation. Ce renversement de perspective implique que l’être humain en arrive à vouer du respect, voire de l’amour à l’animal qui, quel qu’il soit, représente pour Nishida une altérité aussi absolue que le « tu » de la relation interpersonnelle et que Dieu lui-même.
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