Au milieu du XIXe siècle, la moitié de la population de France ne parlait pas français. Dans les « pays » qui formaient la France, la vie quotidienne (et surtout celle des champs) se déclinait en occitan, en breton, en picard. Devant l’offensive centralisatrice du pouvoir parisien, qui connut son apogée sous la Troisième République, s’est développé un fort courant régionaliste. Culturel, politique, administratif, économique, ce mouvement a réuni autant des chantres des langues régionales, comme le poète occitan Frédéric Mistral, que des royalistes nostalgiques de la France éternelle ou des adeptes du fédéralisme proudhonien. Défense des traditions culturelles, refus du modernisme, promotion du radicalisme politique, le régionalisme était avant tout un combat pour une certaine idée de la France dans un siècle de transformations.
Invité : Carl Bouchard, Ph. D. (histoire) (Paris III – Université de Montréal) ; professeur agrégé au Département d’histoire de l’Université de Montréal ; auteur de Le citoyen et l’ordre mondial. Le rêve d’une paix durable au temps de la Grande Guerre, Pedone, 2008.