La Chaire de recherche du Canada - Islam, pluralisme et globalisation organise une conférence avec M. Siegfried L. Mathelet. Le conférencier est rattaché à la Chaire UNESCO-UQAM sur les fondements de la justice et de la démocratie où il est en charge du Projet de recherche et de formation sur l’islamophobie et le fondamentalisme.
Résumé
Le conférencier défend l’hypothèse selon laquelle la représentation sociale de la laïcité qui s’installe depuis peu au Québec est tributaire d’une « victoire idéologique » du national-populisme en Europe et qu’elle débouche comme ailleurs sur une augmentation d’actes islamophobes. Il propose un rapprochement entre la thèse de Jean Baubérot sur la laïcité « falsifiée », celle de Jean-Yves Camus sur la « victoire idéologique » de l’extrême droite, et l’augmentation de l’islamophobie répertoriée par divers organismes de défense des droits en France, en Belgique et au Québec. Il y voit la formation d’une représentation sociale (RS) unitaire. La progression de l’islamophobie serait donc liée, entre autres facteurs, à la « banalisation » d’un schème idéologique dormant issu d’une victoire idéologique du national-populisme et qui se greffe à la RS actuelle de la laïcité.
Aux fins de l’exposé, il précisera d’abord cette hypothèse générale à l’aide des travaux sur le rôle des schèmes périphériques dans les RS, dont la notion de « zone muette » (1). Il rappellera ensuite la thèse de Camus sur la « victoire idéologique », et précisera pourquoi il l’attribuera plus spécifiquement au « national-populisme » (2). Il expliquera en quoi cette victoire idéologique affecte la réactualisation de la notion de laïcité tout en la dévoyant de son sens historique (3). Il reviendra sur la progression de l’islamophobie dans sa dynamique et sa relation aux débats politiques sur la laïcité (4). Il terminera sur l’importation au Québec de cette RS contemporaine de la laïcité et décrira comment un vernis républicain facilite son ancrage à gauche comme à droite, ainsi que l’ancrage et la banalisation de son schème périphérique, véritable schème idéologique dormant de l’islamophobie contemporaine (5).