Conférence de Nicolas Sallée qui prépare, depuis octobre 2008, un doctorat de sociologie à l’IDHE (CNRS – Université Paris Ouest Nanterre). Il travaille, sous la direction de Jacques Commaille et François Vatin, sur les transformations contemporaines, en France, des modes de gouvernement des mineurs délinquants. Il mène, pour ce faire, une étude approfondie des professions d’éducateur et de psychologue de la Protection Judiciaire de la Jeunesse.
Résumé
Cette communication proposera une réflexion sur l’évolution de la justice des mineurs française au prisme des transformations qu’a connu la profession d’éducateur de la Protection Judiciaire de la Jeunesse (PJJ). Pour introduire notre réflexion, nous présenterons la singularité d’un modèle de justice qui reposait, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, sur le rôle moteur des savoirs professionnels internes à l’institution dans la transformation des politiques de régulation de la délinquance juvénile, alors fondées sur le principe de l’éducabilité des justiciables.
Nous étudierons ensuite la manière dont la profession d’éducateur a réagi à la relative autonomisation des politiques de régulation de la délinquance juvénile, de plus en plus soumises, depuis les années 1990, à l’injonction politique d’une défense de l’ordre public, dans le cadre d’une lutte contre ce qu’il est convenu de nommer le « sentiment d’insécurité ». Pour cela, nous nous demanderons comment les savoirs professionnels internes à la PJJ ont simultanément évolué, offrant la possibilité à certains éducateurs d’adapter leurs pratiques à ce nouveau contexte politique, sans pour autant abandonner la revendication du fondement « éducatif » de leur intervention.
Nous montrerons que cette évolution ne se réalise cependant pas sans résistances, aboutissant à une segmentation de la profession d’éducateur sur des fondements idéologiques.
Information
Conférence présentée par le Centre international de criminologie comparée