Débute à 
Salle C-2059
3150, rue Jean-Brillant
Montréal (QC) Canada  H3T 1N8

Organisé par :

Valérie Amiraux, professeure agrégée au département de sociologie de l’Université de Montréal et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en étude du pluralisme religieux

David Koussens, professeur adjoint au département d’études religieuses de l’Université de Sherbrooke et titulaire de la Chaire de recherche sur les religions en modernité avancée

David Gilles, professeur adjoint à la faculté de droit de l’Université de Sherbrooke

Problématique

La multiplication des groupes religieux minoritaires en Europe et au Canada, l’attraction croissante suscitée par les groupes évangéliques, la montée des courants charismatiques ou la visibilité de certaines pratiques orthodoxes de l’islam questionnent les agencements traditionnels en matière de régulation par l’État du pluralisme religieux. Dans ce contexte d’accroissement de la visibilité du religieux, l’expression de certaines convictions heurtent plusieurs principes moraux des sociétés occidentales (burqa, polygamie, groupes sectaires…) et interpellent de plus en plus la société et les pouvoirs publics.

Si les formes les plus orthodoxes d’expression du croire ne correspondent qu’à des épiphénomènes des transformations du religieux contemporain, leur visibilité soulève la controverse tant en Europe qu’au Canada. C’est alors très souvent à partir d’une interprétation intuitive d’irrationalité que ces systèmes axiologiques étrangers aux cultures nationales vont être jugés par les acteurs sociaux ou politiques, et que toutes sortes de maux vont leur être attribués, cela précisément parce que ces formes de religiosités ne sont pas « accommodées » car « étrangères » à nos sociétés sécularisées.

Dans les débats publics, les acteurs (groupes religieux, partis politiques, universitaires, syndicats, médias, mouvements féministes…) jonglent alors entre plusieurs répertoires normatifs pour désigner les groupes religieux visibles dans la sphère publique. On observe en effet :

  1. l’emploi successif des notions de droits de l’homme (liberté de conscience et égalité), d’identité nationale, d’ordre public, de valeurs communes ou de laïcité… ;
  2. l’opposition de plus en plus fréquente entre le religieux « culturel » (débats sur le crucifix dans les institutions publiques au Québec et en Italie) ou « acceptable » (volonté d’instaurer un « Islam de France ») à un religieux qui choque et que l’on ne pourrait donc tolérer dans nos sociétés démocratiques (référendum sur les minarets en Suisse ; interdiction du voile intégral ou controverses sur les sectes en France ; politisation des discussions sur le halal en France et au Québec ; débat sur la constitutionnalité de l’interdiction de la polygamie en Colombie-Britannique).

Ce colloque propose d’interroger, à partir de perspectives historiques, politiques, sociologiques et juridiques, les modalités par lesquelles l’État ajuste son obligation de neutralité en matière religieuse. Afin d’optimiser l’échange et les discussions, les chercheurs veilleront à articuler leurs présentations en gardant à l’esprit les questionnements sous-jacents à la préparation de ce colloque.

  1. Autour de quels enjeux se cristallisent les tensions générées par la mise en œuvre du principe de neutralité en matière religieuse ?
  2. Comment l’action de l’État neutre en matière religieuse contribue-t-elle à mettre en place de régimes de « reconnaissance » implicite ?
  3. Comment l’interaction entre acteurs religieux et État produit-elle des situations pratiques où le principe de neutralité est mis à l’épreuve ?

La perspective transatlantique permettra de mettre en exergue les particularités des trajectoires nationales mais aussi de pointer les convergences tant dans les inquiétudes exprimées que dans les réponses proposées. Le colloque favorisera donc le dialogue entre les chercheurs canadiens travaillant sur les questions de diversité et de multiculturalisme et les chercheurs européens œuvrant dans ce domaine, à partir d’une approche interdisciplinaire concentrée sur la question de l’application du principe de neutralité en contexte de pluralisme religieux.

Quand ?
Les 26 et 27 octobre 2012
Où ?
Carrefour des arts et des sciences de l’Université de Montréal

Neutralité de l’État en matière religieuse : histoires, représentations, et pratiques. Une comparaison Amérique du Nord - Union européenne
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