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90, avenue Vincent-d'Indy
Montréal (QC) Canada  H2V 2S9

Co-analyse de la reconstruction du savoir-évaluer d'enseignants migrants en situation d'intégration socioprofessionnelle au Québec

Sous la direction de Joëlle Morrissette et la codirection de Maurice Tardif
(Département d'administration et fondements de l'éducation.)

Résumé

L’École québécoise compte de plus en plus d’enseignants formés à l’étranger (MELS, 2014), vus comme des modèles inspirants pour les élèves d’origine immigrante (Wang, 2003) et des médiateurs entre l’école et les familles immigrantes (Cruickshank, 2004). Un des défis majeurs de leur intégration socioprofessionnelle concerne l’ajustement de leur savoir-évaluer aux normes et valorisations visant la réussite du plus grand nombre d’élèves, alors qu’ils sont généralement socialisés à la fonction de sélection sociale de l’évaluation. Une analyse de récentes recensions des écrits montre que la question de l’ajustement de leurs pratiques d’évaluation des apprentissages a été négligée jusqu’ici (Morrissette et al., 2014; Niyubahwe et al., 2013). Ainsi, cette thèse se propose d’éclairer comment les enseignants formés à l’étranger reconstruisent leur savoir-évaluer dans les écoles québécoises. Dans cette perspective, elle puise aux travaux de Schön (1983) sur la (re)construction du répertoire d’actions du praticien ainsi qu’à une perspective (socio)constructiviste qui amène à considérer que cette transformation du répertoire se réalise au cœur des interactions en situation de travail. Cette thèse s’inscrit dans une recherche portant plus largement sur l’intégration socioprofessionnelle d’enseignants formés hors Québec dans les écoles montréalaises (Morrissette & Demazière, CRSH 2015-2017) dont sont issus des données collectées par entretiens biographiques et entretiens de co-analyse en groupe avec 5 enseignants formés à l’étranger et des membres de leur écologie professionnelle. L’analyse suit la stratégie du raisonnement par cas (Becker, 2016), conduisant à décrire deux processus adaptatifs de reconstruction du savoir-évaluer: l’abandon des manières d’évaluer non opératoires, l’ajustement des manières d’évaluer transversales aux deux contextes. Le deuxième registre d’analyse mobilise la perspective de la sociologie interactionniste des groupes professionnels d’Abbott (1988, 2003). Ce nouvel éclairage théorique conduit à mettre en lumière le code du travail en matière d’évaluation des apprentissages qui est l’objet d’une négociation continue entre tous les acteurs de l’École québécoise.

Soutenance de thèse de Serigne Ben Moustapha Diedhiou