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Prix: Entrée libre
Salle C-3061
3150, rue Jean-Brillant
Montréal (QC) Canada  H3T 1N8

Dans le cadre du 50e anniversaire du Département de philosophie de l'Université de Montréal, le réputé philosophe français Pascal Engel, École des hautes études en sciences sociales (France), prononcera une conférence intitulée La raison fait de la résistance. Spécialiste de la philosophie de l'esprit et de la connaissance, M. Engel parlera de la façon dont il est possible de «contre-attaquer l’idée que les activités rationnelles peuvent s’expliquer comme des sous-produits d’une consommation sociale».

Résumé :
La raison a subi sa dernière vague de désenchantement avec un ensemble de travaux de psychologie cognitive et évolutionniste supposés nous montrer que l’esprit humain n’a pas évolué pour être rationnel, que les humains ne sont pas gouvernés par un respect des faits et de la logique, mais systématiquement victimes de biais destinés à satisfaire nos intérêts. L’activité ordinaire de donner des raisons à nos pensées et à nos actions, celles de raisonner et de juger même,  nous échappe. Qu’il y ait des raisons (des causes) que la raison ne connaît pas n’est pas nouveau. Mais que l’ensemble des activités rationnelles puissent s’expliquer comme des sous-produits d’une consommation sociale et de pratiques éristiques et dialectiques est plus fort de café.

Le but de cet exposé est de se demander jusqu’à quel point cette démythologisation de la raison peut aller et si elle est justifiée. On peut douter d’abord des données empiriques supposées venir à l’appui de cette thèse radicale. On peut douter ensuite des oppositions – raison vs intuition, raison vs émotion, esprit lent vs esprit rapide – sur lesquelles se basent ces tentatives pour résoudre «l’énigme de la raison». On peut aussi se demander si toute l'entreprise n'est pas viciée par des confusions conceptuelles. Même si le territoire de la raison est sans doute moins large qu’on ne l’a cru jadis, la raison a encore les moyens de faire de la résistance. J’essaierai de formuler les principes d’une contre-attaque, en m’appuyant sur une conception normative de l’activité de donner et de rendre raison.

La raison fait de la résistance