Une mise en comparaison systématique des savoirs sur le droit, sur la société et sur la nature donne à voir un singulier parallélisme des transformations dans le temps de ces trois régimes de savoir ayant pour axe commun le passage du temps des certitudes au temps des incertitudes. Initialement inspirés par une forte tendance à l’autoréférentialité, par des approches en surplomb, par des vérités imposées, ces régimes de savoir semblent de moins en moins en mesure d’échapper aux effervescences venues de la société au point que ce qui est qualifié d’un terme générique : le « Social » devient, sous des formes diverses, partie prenante de ces trois régimes de savoir. En référence à Michel Foucault et à son concept de « matrice juridico-politique » participant de l’affirmation d’une interrelation forte entre savoirs et pouvoir, le constat d’une telle évolution générale des savoirs suggère alors une homologie avec les transformations de la régulation politique elle-même marquée par une remise en cause du monopole d’une régulation par le haut. L’exigence d’une implication citoyenne de plus en plus évoquée dans les débats sur les savoirs et sur leur place dans la Cité n’est-elle pas alors en mesure de nourrir les réflexions sur les attentes de redéfinition de l’exercice du pouvoir dans les sociétés dites « démocratiques »?
Conférencier : Jacques Commaille
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