Le XXIe siècle s'ouvre sur un nombre gigantesque de défis et d'incertitudes. En particulier, la question technologique est au cœur des nouvelles luttes de pouvoir et des jeux de puissance entre Nations. L’intelligence artificielle cristallise la rivalité stratégique entre États-Unis et Chine. Deux perspectives se présentent : l'hyperpuissance qui dominera ces nouveaux outils dominera le reste du monde ou bien l'échiquier géopolitique mondial se morcellera en autant de blocs technologiques donc idéologiques. La lutte est féroce, se joue sur tous les fronts. Sur le plan géopolitique, la rivalité sino-américaine s'articule en particulier sur la question des IA à usages militaires. De ce point de vue, l’intelligence artificielle transforme profondément la chose militaire. La guerre d’Ukraine nous en offre les prémices, celles des guerres du futur. Dans le champ idéologique, la technologie n’a de valeur qu’en cela qu’elle encapsule des normes donc une vision du Monde. La domination du Monde passe par le contrôle de la technologie, donc de la norme. Celui qui détient la technologie, en contrôle l’intention politique. Cette question s’articule à deux niveaux : entre Nations, mais aussi entre concepteurs et technologues. Cette lutte est particulièrement flagrante aux États-Unis entre progressistes et réactionnaires. Comment préparer cet avenir par nature imprévisible ? La question devient alors fondamentalement politique. Progressivement, les enjeux posés par l’intelligence artificielle nous poussent à repenser nos dispositifs de pouvoir, nos attributs de puissance et de souveraineté, nos modèles politiques, nos valeurs, nos imaginaires. Bref, notre place dans le monde.
Conférencière : Asma Mhalla
