Le double constat des progrès réels des moteurs de traduction automatiques et de leur utilisation quasi systématique par les étudiants rend nécessaire l’adaptation de l’enseignement de la traduction (Loock, Léchauguette 2021). Je prendrai en exemple l’enseignement de la traduction générale du chinois au français en 2e et en 3e année dans des classes mixtes d’étudiants chinois et français à l’ISIT. La configuration d’une classe bilingue oblige à mettre en place des méthodes d’enseignement spécifiques pour faire progresser les deux groupes (Elbaz 2016; Elbaz, Garbutt 2019). Par ailleurs, le niveau de langue des étudiants ne leur permet pas une lecture aisée de la presse chinoise (pour les francophones) ni de la presse française (pour les sinophones). Dans ce contexte, l’utilisation de moteurs de traduction automatique pallie à certaines difficultés; la traduction « brute de logiciel » obtenue sert de base de travail textuel. Néanmoins, sans préparation spécifique, les étudiants ne se montrent pas suffisamment critiques par rapport au résultat du moteur de traduction et se satisfont souvent d'un texte d'arrivée approximatif, à la terminologie inexacte et au phrasé 'bizarre'. Quels exercices, quels processus mettre en place pour développer leur esprit critique et leur sens de la langue?