Le discours occidental sur la femme arabo-musulmane la réifie comme étant invariablement une victime de sa culture (Hunt et Rygiel 2006 ; Bullock 2002). Cette représentation ahistorique est très difficile à comprendre, étant donné la demande accrue, en Occident, pour la littérature féminine arabe (Booth 2003; Clark 2000). Souvent rebelle, cette écriture montre en effet que la « femme arabe » n’est pas essentiellement subordonnée et qu’elle est loin de constituer une catégorie homogène et monolithique. Or, une partie importante de cette littérature est médiatisée par la traduction, ce qui remet en question le rôle que joue celle-ci dans la représentation de la femme arabe en Occident. La présente communication explore cette question en se basant sur une lecture féministe de l’orientalisme, comme le propose Yegenoglu (1998). Pour ce faire, les traductions française et anglaise de deux œuvres d’écrivaines arabes seront soumises à une analyse critique du discours. L’analyse couvrira plusieurs aspects de la traduction, y compris les stratégies discursives utilisées dans la traduction et le paratexte. L’article soutient que les pratiques discursives et éditoriales adoptées dans la traduction et la réception de la littérature féminine arabe en Occident transforment cette littérature en un acte de soumission. L’écrivaine arabe, même lorsqu’elle est rebelle, est alors réduite à une simple informatrice qui ne fait que compléter, par ses écrits, un tableau orientaliste tout prêt, contribuant ainsi au discours occidental hégémonique sur la femme arabe.