Andrea Bohlman (University of North Carolina, Chapel Hill) :“Homemade Flexidiscs and the Everyday: Bootlegging Vinyl in the People’s Republic of Poland” (« Les flexidisques artisanaux et le quotidien : Le trafic de vinyles en république populaire de Pologne »)
Conférence en anglais
Participer à la réunion Zoom
https://umontreal.zoom.us/j/87829634630?pwd=RU5KcTZsb3BXYjN1eVpodlF5L1ZIZz09
ID de réunion : 878 2963 4630
Code secret : 839736
Cette présentation est consacrée au trafic de disques produits dans une économie parallèle en république populaire de Pologne vers les années 1950-1980. Les feuilles de polyéthylène appelées « cartes postales sonores » étaient copiées à partir de vinyles 45 tours sur des équipements assemblés par de petits entrepreneurs à partir de déchets d’usine, de systèmes hi-fi et autres technologies non-audio. Ces produits faisaient l’objet d’une véritable contrebande : des ingénieurs autodidactes installaient l’équipement dans des sous-sols et des garages d’autres individus pour de modiques sommes, se procuraient du plastique et d’autres matériaux par le biais d’échanges informels à travers la frontière est-allemande et distribuaient les produits clandestins dans des kiosques. Leur contenu sonore – des musiques populaires mainstream et banales telles que le rock‘n’roll anglais, le Schlager européen, l’Estrada soviétique et les groupes de polka américains – peut sembler assez mondain par rapport aux tropes sensationnelles de la guerre froide auxquelles les récits des musiques socialistes sont associés. Or, je conçois ces objets en tant qu’artéfacts multisensoriels de l’écoute quotidienne au temps du communisme. Le matériel d’archive que j’explore à travers les conversations avec des interlocuteurs dont l’enfance a été marquée par ces objets est rempli d’objets uniques. Certains enregistrements sont ornés de notes rédigées à la main alors que d’autres contiennent des messages vocaux. Plusieurs feuilles de plastique monochromes sont renforcées par du papier cartonné recyclé que les petits entrepreneurs récupéraient à partir de supports publicitaires. Ainsi, ma présentation situe ces flexidiques dans une écologie politique extrêmement locale en ce qui a trait à la culture sonore et visuelle, mais relie le stockage culturel et historique – au-delà des sons – à des questions plus larges sur la place des flexidisques dans la culture du vinyle.
This presentation focuses on record bootlegs produced in a shadow economy (ca. 1950s-1980s) in the People’s Republic of Poland. The polyethylene sheets, called “sound postcards,” were copied from vinyl 45s on equipment cobbled together by petty entrepreneurs from factory discards, hi-fi systems, and other non-audio technologies. They are remarkable products of hustle: self-taught engineers housed the equipment in others’ basements and garages for a small fee, sourced plastic and other materials through informal exchange across East German border, and distributed the bootlegs through kiosks. Some might understand their sonic content—mainstream and commodified popular musics like Anglophone rock and roll, European schlager, Soviet estrada, and U.S. American polka bands—to be quite mundane when compared to the sensational Cold War tropes to which stories about socialist sound were hitched. But I understand these objects as multisensory artifacts of everyday listening during Communism. The material archive, which I explore in conversation with interlocutors whose childhoods were filled with these objects, is filled with unique objects. Handwritten notes adorn many recordings; some contain voice messages. Many of the monochromatic plastic sheets are bolstered with recycled cardstock that the petty entrepreneurs repurposed from advertising matter. My presentation unpacks these flexidiscs in an extremely local political ecology for sound and visual culture, but connects the cultural and historical storage they did—of more than just sounds—to larger questions about the place of flexidiscs in vinyl culture.
Andrea F. Bohlman étudie les enjeux politiques de la musique et du sonore des XXe et XXIe siècles par l’association de méthodologies archivistiques et ethnographiques. Elle est professeure associée de musique à l’Université de Caroline du Nord à Chapel Hill aux États-Unis. La plupart de ses écrits traitent des questions d’agentivité politique et de stratégies de formation des mouvements sociaux par le biais du sonore et de la musique en Europe centrale et en Europe de l’Est. C’est le cas de son ouvrage Musical Solidarities: Political Action and Music in Late Twentieth-Century Poland. Les articles et les présentations de Bohlman sur l’histoire de l’enregistrement sonore – mixtapes, soundwalks et flash mobs – se concentrent sur le quotidien, avec un enthousiasme particulier pour le travail créatif et l’enregistrement sur bandes sonores. Elle est également rédactrice en chef de Musicology Now, le périodique en ligne l’American Musicological Society.