« A-t-on des nouvelles de M. de Lapérouse? » : sur le chemin de l’échafaud, Louis XVI aurait eu une dernière pensée pour le comte de Lapérouse, disparu en mer lors de son voyage dans le Pacifique. Le roi de France avait lui-même rédigé les instructions de l’explorateur, qui témoignent des nouveaux enjeux des grands voyages autour du monde à la fin du XVIIIe siècle. L’heure n’est plus à l’exploitation commerciale, comme au siècle précédent, mais bien à la découverte scientifique, financée par les États lancés à la recherche d’un hypothétique continent austral.
Car l’histoire de l’exploration du Pacifique est celle d’une extraordinaire aventure. De Magellan à Bougainville, en passant par Abel Tasman ou encore Cook, chaque voyage contribue à transformer durablement l’Europe, en favorisant non seulement l’amélioration des conditions de navigation, mais aussi l’accélération des progrès techniques et le perfectionnement des connaissances scientifiques. Sans compter que la rencontre avec de nouvelles civilisations bouleverse la manière dont les Européens pensent le monde, comme en témoigne la naissance du mythe de Tahiti. À partir du XIXe siècle, cependant, ce sont les sociétés australes qui subissent une profonde transformation, devant la violence de la poussée colonisatrice.
Conférencière :
Emmanuelle Friant, Ph. D., est docteure en histoire moderne et diplômée en études anglaises et nord-américaines. Fondatrice du Collectif d’Anthropologie et d’Histoire du Spirituel et des Affects (CAHSA), elle se spécialise dans l’étude des mentalités, des sensibilités et des pratiques socioculturelles et religieuses en Europe et en Amérique du Nord. Conférencière, elle a également enseigné l’histoire à l’université durant 12 ans, dont 6 à l’Université de Montréal.