Les États d’Europe orientale ― l’Ukraine, la Moldavie et le Bélarus ― se trouvent à l’intersection des influences européenne et russe. Les relations, de coopération ou de rivalité, entre l’Europe et la Russie ont des conséquences majeures sur la stabilité des États et des régimes politiques de cette « zone de contact ».
Liés, voire dépendants des deux acteurs géopolitiques, soumis à leurs politiques de soft power, ces États naviguent entre deux projets d’intégration économique et politique, entre l’« européanisation » et le Russkiy Mir.
Si l’Ukraine, depuis 2014, est plus près du pôle d’attraction européen, le Bélarus se rapproche de celui de la Russie, tout en jouant la carte de la proximité avec l’Union européenne (UE), tandis que la Moldavie signe des accords d’association avec l’UE tout en demeurant dans la Communauté des États indépendants et observatrice au sein de l’Union économique eurasienne. Pour comprendre ces divers jeux de balancier, cette conférence propose des explications géopolitiques, historiques et identitaires ainsi qu’une présentation des enjeux politiques internes propres à ces États.
Conférencière:
Magdalena Dembinska est professeure agrégée au Département de science politique et directrice académique du Centre d’études et de recherche de l’Université de Montréal (CÉRIUM). Directrice académique du réseau Jean Monnet BEAR (Between the EU and Russia), ses recherches et son enseignement en politique comparée portent sur les politiques et les conflits ethniques, sur la construction des États et des nations, sur le nationalisme et la diversité, en Eurasie et en Europe centrale. Ses recherches actuelles se concentrent sur les États de facto de l’Abkhazie (Géorgie) et de la Transnistrie (Moldova), sur les politiques des États-parents envers leurs minorités externes (la Pologne et les Polonais en Lituanie, en Ukraine et en Bélarus), ainsi que sur les relations Europe-Russie « à la frontière » (Moldova, Estonie, Kaliningrad).