Maître incontesté du XVIIe siècle hollandais à côté de Rembrandt, Vermeer se distingue de ses contemporains par l’aura mystérieuse qui se dégage de ses tableaux. Qualifié dès la fin du XIXe siècle de « sphinx de Delft » par le critique d’art Théophile Thoré-Bürger, Vermeer affiche une personnalité pourtant loin d’être énigmatique et qui ne repose aucunement sur l’idée d’un génie solitaire coupé de l’art de son temps.
Le troisième quart du XVIIe siècle marque l’apogée économique et commercial des Provinces-Unies. C’est dans ce contexte que l’élite hollandaise cherche à glorifier son statut social, exigeant de la part des artistes un art qui reflète des scènes idéalisées de la vie privée. Nous constaterons que Vermeer a délibérément construit le mystère de sa peinture. Nous verrons que ses scènes d’intérieur traduisent – dans leur structure et leur contenu – une dimension intimiste cachée dont le but est de pénétrer la sphère inaccessible de la vie privée.
Amel Ferhat, maîtrise en histoire de l’art, Paris I Sorbonne; historienne de l’art et accompagnatrice de voyages culturels, conférencière indépendante pour le Club de l’Art.