Tous les empires n’ont pas été décolonisés au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Si les Américains ont accepté en 1946 que les Philippines, leur ancienne colonie, deviennent indépendantes, Washington a refusé de lâcher sa mainmise coloniale sur le Pacifique. La sécurité américaine était liée au contrôle continu de ce « lac américain » et de ses îles. Lorsque les Japonais ont essayé de prendre l’Asie-Pacifique en 1941, les Américains sont entrés en guerre avec le résultat que l’on connaît. Quatre ans plus tard, vainqueur, la puissance américaine règne suprêmement en Asie. Mais lorsque la Chine devient communiste en 1949, les Américains prennent peur à nouveau. Ils gardent le Pacifique, mais ils mettent en œuvre une politique d’endiguement, convaincus que la Chine communiste, comme le Japon avant elle, pouvait faire tomber les pays de l’Asie-Pacifique comme une rangée de dominos.
Cette conférence pose un regard nouveau sur la politique extérieure américaine dans l’Asie-Pacifique. On y verra le souci de maintenir un empire américain dans le Pacifique contre une Chine hostile et désireuse d’étendre son influence en Asie (en Corée ou au Vietnam).
Conférencier
Christopher Goscha est professeur titulaire au Département d’histoire à l’Université du Québec à Montréal. Spécialiste de la guerre du Vietnam et de l’histoire des relations internationales en Asie, il a publié plusieurs livres dont The Penguin History of Modern Vietnam : Un État né de la guerre (Armand Colin, 2011). Il travaille actuellement sur la géopolitique américaine dans l’Asie-Pacifique depuis le XIXe siècle jusqu’à nos jours.