La fabrique de l’évaluation à l’aune d’une perspective resocialisante : une négociation entre enseignants et étudiants au 1er cycle universitaire
Sous la direction de recherche de Joëlle Morrissette et la codirection de David D'Arrisso. (Département d'administration et fondements de l'éducation de la Faculté des sciences de l'éducation)
Résumé
Depuis quelques décennies, les universités sont influencées dans leur fonctionnement par plusieurs phénomènes, dont la massification et la rationalisation de l’enseignement supérieur, entrainant respectivement une nouvelle conception des rapports entre enseignants universitaires et étudiants (Trow, 2011), et une gestion managériale des universités dont l’évaluation sera une pièce centrale dans leur régulation (Lessard, 2014). Parallèlement, la recherche sur la problématique des évaluations en contexte universitaire a mis en lumière la dimension conflictuelle de l’évaluation, reconnue comme un objet d’enjeux et de tensions multiples (ADMÉE, 2014). Mon hypothèse centrale soutient que, sur divers plans, l’évaluation façonne les relations entre les étudiants et les enseignants universitaires, notamment la négociation des activités de travail ; d’où la nécessité de relier cette évaluation aux intérêts, aux projets et aux réseaux auxquels elle participe (Morrissette, 2009). S’adossant à une perspective interactionniste qui appréhende l’évaluation dans ses dimensions processuelles et transactionnelles entre les acteurs, cette thèse souligne comment ces évaluations transversales aux activités négociées en continu (Strauss, 1992) façonnent les relations entre étudiants et enseignants universitaires au 1er cycle. Pour ce faire, 11 observations dans 4 classes, 14 entretiens individuels avec 4 enseignants et 6 étudiants, et 3 entretiens collectifs avec les étudiants ont été conduits dans une faculté d’éducation d’une université montréalaise. Les données recueillies sont analysées selon la méthode de raisonnement à partir de cas (Becker, 2016). En prenant comme angle d’analyse le point de vue des acteurs, je montre d’abord comment les compromis qu’ils négocient autour de ces activités sont construits à partir d’un regard centré sur les conséquences anticipées d’un objet innommé, l’évaluation. Cet éclairage permet ensuite d’interroger la « fabrique de l’évaluation », en tant qu’elle est produite par des conventions négociées et réinterprétées sur lesquelles s’appuient les étudiants et les enseignants universitaires.