Expérimentation d’un enseignement réciproque pour améliorer la formulation d’inférences en compréhension de la lecture d’élèves du 3e cycle du primaire en contexte montréalais
Soutenance de thèse de Danielle Tousignant
Sous la direction de recherche de Rachel Berthiaume
Résumé
Ce n'est que depuis quelques décennies que la compréhension en lecture fait l'objet de recherches expérimentales afin de savoir ce qu'implique comprendre un texte en termes d'apprentissages et ce qu'il faut mettre en place pour l'enseigner. Jusqu'à présent, la recension d'écrits cible l'inférence comme étant l'une des composantes qui exerce un rôle déterminant pour permettre à un élève du primaire d'avoir accès au sens d'un texte. Elle se manifeste par le biais des liens à établir entre les informations fournies par un texte, ce que l'on appelle une inférence de cohésion, mais aussi entre ces informations et ce que l'élève en connait, soit une inférence d'élaboration. Pour plusieurs élèves, répondre à une question inférentielle représente un réel défi et il importe d'étudier les dispositifs d'enseignement susceptibles de pallier cette difficulté. C'est l'objectif de la présente recherche, qui consiste en l'expérimentation d'un dispositif, soit l'enseignement réciproque, dans le but d’améliorer la formulation d'inférences de cohésion et d'élaboration auprès d'élèves du 3e cycle du primaire. Les élèves participant à cette recherche sont pour la plupart arrivés depuis peu au Québec et détiennent le statut d'immigrants récents. Certains d'entre eux conjuguent à ce statut d'immigrant, une réalité économique précaire. Tous sont considérés comme aptes à suivre le programme de la classe ordinaire, classe dans laquelle se déroule l'intervention. Accompagnés de 6 enseignants, les 113 élèves qui forment l'échantillon de cette recherche ont été répartis en 3 groupes selon 3 conditions expérimentales. Le groupe A expérimentent un enseignement réciproque visant à travailler l'inférence de cohésion et d'élaboration. Dans le groupe B, les enseignants offrent l'enseignement des stratégies propres à l'enseignement réciproque et aux deux catégories d'inférences ciblées, mais dans le contexte d’un enseignement de type magistral. Le groupe C correspond au groupe contrôle. Deux mesures de cueillette de données sont utilisées afin de vérifier des effets potentiels liés à l'enseignement réciproque, soit un test de compréhension en lecture et un entretien d'explicitation. Principalement, nous avons utilisé une Anova pour les analyses statistiques. Les résultats obtenus montrent que le test de compréhension en lecture ne révèle pas de différence significative entre les élèves des groupes A et B quant aux inférences évaluées. Par contre, on constate une différence significative entre les résultats des élèves du groupe A et ceux du groupe C en ce qui a trait à la formulation d'inférences de cohésion. Les entretiens d'explicitation effectués auprès des 16 élèves ciblés indiquent que les élèves du groupe A formulent davantage d'inférences de cohésion que ceux des autres groupes. Dans le cas de l'inférence d'élaboration, les résultats sont davantage mitigés : les élèves du groupe A formulent davantage ce type d'inférences que les participants des autres groupes, mais ceux du groupe B présentent un écart plus grand entre les formulations émises au prétest et celles énoncées au post-test. Finalement, les élèves du groupe A mentionnent davantage de stratégies propres à l'enseignement réciproque que les autres élèves. En conclusion, bien que cette recherche apporte des éléments d’information en lien avec le rôle de l’enseignement réciproque dans le développement de la compréhension en lecture et de l’inférence, davantage de recherches s'avèrent nécessaires afin de contribuer à améliorer les interventions à mettre en place en classe ordinaire pour contribuer au développement des habiletés en lecture des élèves du primaire.