Titre : Attirer, recruter et retenir les enseignants en zones rurales : Une analyse des politiques du Burkina Faso en la matière.
Date : 28 août 2017
Lieu : Pavillon Marie-Victorin Local B-328
Heure : 12h00 à 15h00
Jury :
- Président-rapporteur : Maurice Tardif
- Directeur de recherche : Martial Dembélé
- Membre du jury : Pierre Canisius Kamanzi
- Examinateur externe : Richard Maclure, Professeur titulaire, Faculty of Education, University of Ottawa
- Représentant de la doyenne : Serge J. Larivée, Vice-Doyen des études supérieures
Prière de se présenter à la salle indiquée 10 minutes avant le début de la séance.
Résumé :
Les pénuries d’enseignants sont actuellement l’un des principaux freins à la réalisation de la scolarisation primaire universelle et de qualité (OCDE, 2005 ; UNESCO-BREDA, 2009). L’Afrique subsaharienne figure parmi les régions les plus touchées par ces pénuries (ISU, 2011a). Plusieurs recherches démontrent que les pénuries d’enseignants sont généralement plus importantes dans les zones rurales et éloignées. Deux principales raisons expliquent l’ampleur du problème. D’une part, les zones rurales des États d’Afrique subsaharienne présentent généralement les taux de scolarisation les moins élevés (ISU, 2006 ; Mulkeen et Chen, 2008), ce qui concentre les efforts d’augmentation de la couverture scolaire dans ces zones et induit une augmentation importante de la demande d’enseignants. D’autre part, les zones rurales font face à des difficultés importantes pour attirer, recruter et retenir des enseignants de qualité (Mulkeen et Chen, 2008 ; UNESCO-BREDA, 2009). Plusieurs États d’Afrique subsaharienne ont mis en place des politiques de gestion visant à assurer la disponibilité d’enseignants dans les écoles rurales.
Cette thèse vise à 1) décrire les instruments d’action publique mis en place pour attirer, recruter et retenir les enseignants dans les zones rurales burkinabè ; et 2) documenter la mise en œuvre de ces instruments d’action publique. Notre analyse s’appuie sur les théories économiques de l’offre et la demande, appliquées au secteur éducatif et au marché du travail des enseignants. Les politiques de gestion des enseignants ciblant les zones rurales et éloignées reposent soit sur le modèle de déficit rural (stratégies axées sur les affectations obligatoires et les incitations monétaires et non-monétaires), soit sur le modèle de défi rural (stratégies axées sur la formation initiale et continue des enseignants) (Dove, 1982). Pour comprendre les effets de ces politiques, nous pouvons nous appuyer sur diverses approches méthodologiques. Après les avoir examinées, nous avons opté pour une approche qui consiste à reconstituer les trajectoires professionnelles d’une cohorte d’enseignants, inspirée de l’analyse des carrières scolaires menée par Labé (2011). Plus précisément, nous avons utilisé les données administratives disponibles pour reconstruire les trajectoires professionnelles d’un échantillon de 100 enseignants ayant reçu leur première nomination dans une région du Burkina Faso en 2005. Les données concernaient différents indicateurs, tels que les différentes affectations, l’avancement professionnel et la rémunération. Nous avons également mené des entrevues individuelles avec un sous-échantillon de la cohorte. Nos analyses montrent que les deux types de mesures mises en œuvre, qui s’inscrivent dans le modèle de déficit rural, sont efficaces à court terme pour attirer les enseignants dans les zones rurales, mais ont une efficacité limitée à long terme pour les retenir dans les zones rurales les plus difficiles du pays.
Une des contributions de cette thèse est d’ordre méthodologique. À notre connaissance, l’approche que nous proposons pour analyser la mise en œuvre des politiques d’offre et de demande des enseignants au Burkina Faso est novatrice. En outre, elle peut être adaptée pour une utilisation dans d’autres pays de l’Afrique subsaharienne, dans une perspective comparative.
Mots-clés : enseignants, politiques de gestion des enseignants, zones rurales, Afrique subsaharienne, Burkina Faso
ABSTRACT
Teacher shortages constitute one of the main obstacles to achieving quality universal primary education (UIS, 2014; UNESCO-BREDA, 2009; OECD, 2005). Sub-Saharan Africa (SSA) remains the region most affected by these shortages (UNESCO Institute for Statistics [UIS], 2011, 2014). There is evidence that teacher shortages are in general more acute in rural and remote areas (RRAs) in this region. There are two main reasons for this situation. First, compared with urban areas, the RRAs of SSA have the lowest school access ratios (Mulkeen & Chen, 2008; UIS, 2006). Efforts to enlarge coverage are therefore concentrated on these areas, which induces an important increase of teacher demand. Second, RRAs usually face great difficulties attracting, recruiting and retaining quality teachers (Mulkeen & Chen, 2008; UNESCO-BREDA, 2009). This has led several SSA countries to design policies aimed at ensuring the availability of teachers in rural schools.
In this thesis, we pursue two objectives: 1) describe the policy instruments in place to attract, recruit and retain teachers in Burkina Faso rural areas; and 2) document the implementation of these policy instruments.
Our investigation was guided by labor market theories, in particular supply and demand theories as applied to the education sector and teacher labor markets. Policies targeting RRAs are based on either the rural deficit model (strategies centered on compulsory assignments and monetary and non-monetary incentives) or the rural challenge model (strategies centered on pre-service teacher education, teachers continuing professional development and support) (Ankrah-Dove, 1982). To understand the effects of these policies, one can draw on various methodological approaches. After reviewing these approaches, we opted for an approach that consists in reconstructing the professional trajectories of a cohort of teachers, inspired by the analysis of schooling careers conducted by Labé (2011). More specifically, we used available administrative data to reconstruct the professional trajectories of a sample of 100 teachers who received their first appointment in a region of Burkina Faso in 2005. The data covered items such as their various posts, their career advancement and their remuneration. We also conducted individual interviews with a sub-sample of the cohort. Our analyses show that the two types of policy measures implemented, based on the rural deficit model, are effective in the short term to attract teachers in RRAs but have limited long-term effectiveness in retaining them in most hardship RRAs.
One of the contributions of this thesis is methodological. To the best of our knowledge, the approach we propose to analyze the implementation of teacher supply and demand policies is novel. Furthermore it can be adapted for use in other SSA countries, in a comparative perspective.
Keywords: teachers, teacher management policies, rural areas, Sub-Saharan Africa, Burkina Faso